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Conseils de lecture

22,00
Conseillé par (Libraire)
10 avril 2024

Une véritable ode à la vie

Nous suivons les récits de vie de 6 personnes de différents âges qui vivent dans un même quartier. Sans le savoir, elles sont observées par la faune sauvage qui sous l'impulsion d'une grenouille, cherche à comprendre l'être humain au travers de ces individus.
Les différents personnages sont tous absolument captivants, l'ado photographe, la jeune fille indécise, le prof au bord du burnout, la femme qui doit réapprendre à s'aimer, la vieille rejetée par sa fille et le vieux infirme. Tous ont quelque chose à nous dire et à dire au monde.
Une merveille !

Amélie


Colombe BONCENNE

Zoé

16,00
Conseillé par (Libraire)
5 avril 2024

De bonnes nouvelles

A La Grande Ourse on aime bien Colombe Boncenne, qui avait ravi l'auditoire quand elle était venue nous présenter « Comme neige », son premier roman. Depuis elle nous donne régulièrement de ses nouvelles, en nous envoyant un exemplaire du livre qu'elle vient de publier, avec un petit mot amical.
Le titre de son dernier livre, « De mes nouvelles » est précisément à prendre dans ce sens. Il s'agit d'un recueil de nouvelles, on l'aura deviné. Mais aux travers de celles-ci, Colombe Boncenne vient partager avec ses lecteurs son cheminement d'écrivaine et de femme, les doutes et les questions qui l'assaillent, et les réponses que lui offre miraculeusement l'écriture.
Les moments du quotidien sont la matière qui nourrit cette quinzaine de nouvelles dont chacune s'interroge à sa manière, sur les curieuses relations qu'entretiennent la réalité et notre imaginaire.
Un trajet à vélo, et Colombe s'invente une amie qui pédalera à côté d'elle : une histoire se construit alors dont on ne sait plus au bout d'un moment quelle est la part d'invention (la nouvelle s'intitule « Perdre les pédales »). Un week-end au bord de la mer rappelle à Colombe une mystérieuse carte postale découverte, enfant, chez son père, et les souvenirs de ce dernier affluent. Un brossage de dents (quoi de plus quotidien ?) et c'est l'image de Nicole Kidman qui surgit, dans une scène de film (peut-être le « Eyes Wide Shut » de Stanley Kubrick), puis d'autres scènes, et on se retrouve bientôt dans un film d'épouvante.
Étranges, méditatives, toujours surprenantes, ce sont en tout cas de bonnes nouvelles que Colombe Boncenne nous donne ici. On espère la revoir bientôt à La Grande Ourse.

Jean-Luc


Byung-Chul Han

Presses universitaires de France

11,00
Conseillé par
3 avril 2024

Vita activa - Contre la société de la performance.

" Par manque de repos, notre civilisation court à une nouvelle barbarie" (Nietzsche). Philosophe jardinier - ou l'inverse ! - l'auteur de ce court essai nous invite à méditer un instant sur les raisons de notre épuisement mental. Surabondance d'informations, de stimulations, d'injonctions à la positivité et au "Yes, we can !". Notre hyperactivité n'est en somme que passivité. L'ennemi est intérieur, puisque la contrainte est intériorisée par des âmes épuisées, en guerre contre elles-mêmes. Or la création est l'enfant du rêve et de l'ennui, comme la culture est fille de l'attention. Les machines sont trop bêtes pour douter, alors que notre humanité éclôt dans l'étonnement et la contemplation solitaire. "Jamais on n'est plus actif que lorsqu'on semble ne rien faire " (Caton). Apprenons donc à voir. Simplement.
Éloge de la vie contemplative.

Anne-Marie


14,00
Conseillé par (Libraire)
29 mars 2024

Une souris verte qui courait dans l'herbe...

Vous connaissez cette petite comptine qu'on aime chantonner ?
Et bien, figurez-vous que si elle est verte notre souris, c'est parce qu'elle a peur que les messieurs la trempe dans l'huile et en fasse un escargot tout chaud !
Alors vite, vite, il faut qu'elle change de couleur pour ne pas être attrapée !
Le rose de la joie, le bleu de la tristesse ou encore le rouge de la colère, décidément cette souris est épatante !
Un album très amusant et une petite souris très très attachante !!
Gros coup de coeur !


28,00
Conseillé par (Libraire)
26 mars 2024

LE VOYAGE MULTIPLE DE DEUX AUTEURS MAJEURS DE LA BD

Ils sont deux, deux qui comptent dans l’histoire de la Bd. Commençons par le moins jeune, Baudoin, Edmond de son prénom. Depuis l’âge de trente ans il dessine et raconte l’intime, son intimité mais aussi celle de l’univers, de la terre et de la Terre. Ensuite, il y a Emmanuel, Lepage de son nom. Breton, il a voyagé, et dessiné ses périples de Tchernobyl en Antarctique sans oublier Ouessant. Ils se sont connus il y a presque trente ans sur le Sillon de Saint Malo. Le début d’une possible longue amitié qu’une histoire de coeur a interrompue. Pourtant, ils étaient faits pour partir ensemble, pour lever la tête vers le bleu infini, celui de l’absolu et de l’immensité. Pour aller dessiner des étoiles, pour être vus par ces astres scintillants qui nous regardent comme des milliers d’yeux anonymes. Il est toujours temps de réparer le temps perdu et un homme va les réunir. Il s’appelle José, d’origine chilienne, professeur de physique en lycée à Grenoble, il va inviter en 2019 les deux auteurs pour « aller voir les étoiles » du désert d’Acatama. Motivation scientifique, mais aussi poétique, artistique, sensorielle et finalement politique car après de multiples reports occasionnés par la Covid, la grave maladie d’Emmanuel Lepage, le voyage va se dérouler à l’automne 2021 en pleine crise sociale chilienne au moment de l’élection présidentielle. De scientifique à poétique le voyage va se compléter d’une visite politique, sociétale.

Baudoin a 82 ans, Lepage vient de vaincre un cancer. Ils ne voyagent pas comme des jeunes, allant de découvertes en découvertes. Pour eux l’urgence de vivre est omniprésente et leur récit est un hymne magnifique à l’existence. On y parle politique bien entendu en pleine crise sociale chilienne, un pays où le passé et la dictature de Pinochet sont toujours présents. On y parle amour et sexualité. On évoque l’art et la confrontation avec la création car « se confronter à l’art est une leçon de courage ». On y parle de vie et de mort, d’avant et d’après. On y parle d’espoir et de désespoir. De transmission aussi.

Depuis toujours Baudoin se confie sur le papier, la plupart du temps en noir et blanc. Lepage a longtemps utilisé la fiction avant de dire « Je » mais un « Je » narratif plus qu’intimiste. La maladie, l’âge et peut être la connivence picturale font qu’à son tour, il se livre ici plus qu’ailleurs, rejoignant son ami dans la confession, nous touchant ainsi au plus profond. On fait un livre à quatre mains en mettant de côté son ego. Les deux amis se complètent, se respectent. A la façon de Renoir et de Monet qui posaient ensemble leur chevalet devant le café de la Grenouillère, Lepage et Baudoin dessinent le même paysage avec leurs outils propres, une manière de montrer comment l’art réinterpréte la vie. A l’observateur de choisir sa vision. Ou d’accepter les deux, de s’en enrichir, de s’en pénétrer comme pour absorber plus de richesses. « Deux façons de dire le monde », est il écrit, l’un privilégiant le réalisme, le détail, en posant ses douces couleurs d’aquarelle sur la feuille, l’autre en cherchant à transcrire la matière, sans souci particulier de réalisme. Debout, Baudoin trempe son pinceau dans l’encre noire. Quand il y ajoute de la couleur, bleue souvent, rouge parfois, c’est pour dire l’amour, la révolution qu’il appelle de ses voeux tout en connaissant sa futilité. Assis, Lepage est pris par la nécessaire rapidité de l’aquarelle. La quasi monochromie lui donne la possibilité d’affiner son trait à la recherche de la juste expression, la quête du réel. Les double pages exceptionnelles de chacun nous montrent leur univers: précises et détaillées pour l’un, résonnantes et dissonantes pour l’autre.

Quand on quitte les deux amis, à regret, à la dernière page, on peut à notre tour lever les yeux au ciel et regarder leurs dessins. Et dans nos yeux émerveillés, on y découvre alors des étoiles, des milliers d’étoiles. Elles nous éblouissent.