- EAN13
- 9782072113697
- Éditeur
- Gallimard
- Date de publication
- 11/2016
- Collection
- Blanche
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Autre version disponible
-
Papier - Gallimard 9,00
Il est extrêmement difficile de dégager une œuvre à l'apogée de sa renommée de
la gangue de commentaires enthousiastes qui l'enferme et de la regarder comme
"un événement neuf". C'est cette difficulté que Nathalie Sarraute a fait
sentir dans son roman Les fruits d'or. C'est à elle qu'auparavant elle avait
essayé de s'attaquer dans ces deux essais. Le premier, écrit après la mort de
Paul Valéry, montrait combien la vénération sans la moindre réserve dont il
était entouré, l'absence de toute discrimination rendait parfois
déconcertante, décourageante la lecture de son œuvre. L'irrespect dont elle
fait preuve à l'égard de Valéry, il le lui aurait pardonné, lui qui a donné
l'exemple dans sa façon de traiter Pascal. Quant à Flaubert, que les
romanciers modernes considéraient comme "notre maître à tous", surtout par son
attachement aux pures formes descriptives, Nathalie Sarraute, en relisant son
œuvre sans idées préconçues, a vu que c'est non pas Salammbô ou L'éducation
sentimentale, mais Madame Bovary, où son style glacé, figé, verni s'accorde
admirablement avec un univers tout en trompe l'œil, qui a permis à Flaubert
d'introduire pour la première fois dans la littérature ce qu'on a appelé plus
tard "l'inauthentique" et d'ouvrir au roman et au théâtre un domaine jusque-là
inexploré. Flaubert, qui rêvait aussi d'écrire "un livre sur rien, un livre
sans attaches extérieures" n'est-il pas un des plus certains précurseurs de
celle qui a réussi à saisir dans son mouvement la plus infime parcelle de vie
psychique ?
la gangue de commentaires enthousiastes qui l'enferme et de la regarder comme
"un événement neuf". C'est cette difficulté que Nathalie Sarraute a fait
sentir dans son roman Les fruits d'or. C'est à elle qu'auparavant elle avait
essayé de s'attaquer dans ces deux essais. Le premier, écrit après la mort de
Paul Valéry, montrait combien la vénération sans la moindre réserve dont il
était entouré, l'absence de toute discrimination rendait parfois
déconcertante, décourageante la lecture de son œuvre. L'irrespect dont elle
fait preuve à l'égard de Valéry, il le lui aurait pardonné, lui qui a donné
l'exemple dans sa façon de traiter Pascal. Quant à Flaubert, que les
romanciers modernes considéraient comme "notre maître à tous", surtout par son
attachement aux pures formes descriptives, Nathalie Sarraute, en relisant son
œuvre sans idées préconçues, a vu que c'est non pas Salammbô ou L'éducation
sentimentale, mais Madame Bovary, où son style glacé, figé, verni s'accorde
admirablement avec un univers tout en trompe l'œil, qui a permis à Flaubert
d'introduire pour la première fois dans la littérature ce qu'on a appelé plus
tard "l'inauthentique" et d'ouvrir au roman et au théâtre un domaine jusque-là
inexploré. Flaubert, qui rêvait aussi d'écrire "un livre sur rien, un livre
sans attaches extérieures" n'est-il pas un des plus certains précurseurs de
celle qui a réussi à saisir dans son mouvement la plus infime parcelle de vie
psychique ?
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