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La serpe, Roman

Philippe Jaenada

Points

  • Conseillé par (Libraire)
    16 novembre 2018

    Comme au Cluedo...

    Dans La Serpe, une enquête minutieuse et toute personnelle, Philippe Jaenada rouvre le dossier d’un triple assassinat commis dans un château de Dordogne en 1941.
    On sort de la lecture de La Serpe comme une crêpe (bretonne bien évidemment). Pendant la moitié de l’ouvrage, on cuit d’un côté. Brusquement le cuisinier (ou l’auteur) nous retourne et on cuit sur l’autre face. Au final on est à point, complètement saisi par un « roman » qui, comme un polar vous prend dès les premières pages pour ne pas vous lâcher avant les six cents dernières.

    Car comme au Cluedo, il faut retrouver un assassin en passant par le « petit salon », la « cuisine », ou le « grand salon ». Seulement à la différence du jeu de société, l’histoire à reconstituer est une histoire réelle qui s’est déroulée en octobre 1941 dans un château de Dordogne et qui a défrayé des décennies durant la chronique des faits divers. Trois commis dans une nuit où seul Henri Girard, fils et neveu de deux des victimes, était présent.

    L' enquête pourrait être pesante et ennuyeuse, mais cela serait sans compter sur les multiples digressions, souvent humoristiques de Philippe Jaenada . On suit l’inspecteur Jaenada – Colombo dans sa voiture, on se promène dans les rues de Périgueux, on rentre dans des bars et on boit quelques whiskys (pas trop quand même), on fait la connaissance d’Ernest son fils (sympa le fils, comme un fils quoi).
    En 2018, on est affligés de la médiocrité et de la mauvaise foi des investigations menées (on est au temps du recensement des toiles d’araignées pas des traces d’ADN). Au bout de la balade, le ton devient plus sérieux et grave : en se rendant sur les lieux, dans des pièces qui ont connu l’horreur, on perd tout à coup cette distanciation que le temps a créé. On s’approche des êtres et de leur âme. Peut-être a-t-on accroché une certaine vérité ? En tout cas on est à la fin d’un long tunnel et on découvre la lumière, celle du matin celle qui fait du bien. Où la rosée a remplacé le sang. Et la probable vérité une vaste mascarade destructrice.

    Un grand, grand livre, unique.