Pour suivre notre actualité, les rencontres d'auteurs, les ateliers, les coups de coeur... abonnez-vous à la newsletter de La Grande Ourse !

 

Le sillage de l'oubli, roman

Bruce Machart

Éditions Gallmeister

  • Conseillé par (Libraire)
    10 janvier 2019

    Apre, rugueux. Magnifique.

    1895, au Texas, on se croirait encore au Moyen-Age.
    Klara Skala meurt en mettant au monde son quatrième fils, Karel. Inconsolable, le père, fermier et éleveur de chevaux de course, se transforme en brute et élève ses fils à la dure.

    Karel est marqué par le sceau de la culpabilité, désigné par ses frères et son père comme "celui qui a tué la mère". La seule marque d’attention que son père lui accorde, c’est de lui laisser monter ses chevaux. Alors, Karel monte à cheval comme un as, frôle la mort en permanence.

    Dans ce roman, on fume, on boit, on se bat et si on aime, on ne le dit pas. Absence de la mère, haine du père, liens fraternels malmenés, désirs contrariés, on s'en sort comme on peut.

    Roman âpre, rugueux, magnifique.


  • Conseillé par
    17 octobre 2012

    Lavaca County, Texas. Vaclav Karel propriétaire terrien d'origine tchèque, élève ses quatre fils à la dure, n'hésitant pas à les attacher à la charrue pour le travail des champs. Jamais remis de la mort en couches de sa femme, Vaclav n'est plus qu'une brute, préoccupé seulement par ses chevaux de course et l'agrandissement de son domaine. C'est Karel, le dernier-né, celui qui a tué sa mère, qui monte les chevaux dans des courses organisées par son père avec les voisins. Karel est toujours vainqueur et le domaine s'étend jusqu'au jour où un étranger, fraîchement arrivé en ville, lui propose un étrange marché...

    C'est par les yeux de Karel que l'on découvre une rude contrée peuplée d'hommes rudes. On le retrouve à différentes époques de sa vie. Nouveau-né en 1895, marqué par le sceau de la culpabilité, désigné par ses frères et son père comme celui qui a tué la mère. Adolescent en 1910, le cou déformé par le travail de trait, arme de son père dans son combat pour acquérir des terres, indécis quant à l'issue qu'il doit donner au pari qui engage toute sa famille. Jeune homme en 1924, seul héritier de la ferme familiale, marié et déjà père de deux filles, dans l'attente d'un troisième enfant à venir, un fils si possible.
    Ces trois époques décisives vont alterner au gré d'un récit dur et puissant, un récit d'hommes sur une terre hostile. On fume, on boit, on se bat et si on aime, on ne le dit pas. Absence de la mère, haine du père, liens fraternels malmenés, désirs contrariés, les frères Skala s'en sortent comme ils le peuvent, entourés de femmes, discrètes mais essentielles.
    Grande maîtrise pour un premier roman qui a le goût des grands espaces, des terres brûlantes et des pudeurs masculines. A découvrir.


  • Conseillé par
    25 février 2012

    1895, au Texas. Klara Skala meurt en mettant au monde son quatrième fils, Karel. Inconsolable veuf, Vaclav Skala enferme sa peine dans le travail et fait de ses fils des bêtes de somme. « À compter de ce jour, les gens du coin diraient que la mort de Klara avait transformé cet homme d’un naturel gentil en une personne amère et dure, mais en vérité, Vaclav le savait, l’absence de sa femme avait seulement fait ressurgir celui qu’il était avant de la connaître, celui que seule cette compagnie féminine avait su adoucir. » (p. 17) La seule marque d’attention que Vaclav accorde à son dernier-né, c’est de lui laisser monter ses chevaux de course. Devenu adolescent, Karel court pour son père : les enjeux sont toujours des terres et l’appétit de Vaclav le pousse à en vouloir toujours plus.
    Jusqu’au jour où Gillermo Villasenor traverse la frontière mexicaine et offre ses trois filles en mariage aux aînés de la famille Skala. Cela doit encore se conclure par une course : que Karel gagne et le domaine de son père s’étendra. Qu’il perde et ses frères auront de jeunes et belles épouses. Mais Karel ne sait s’il doit gagner la course pour satisfaire son père ou la gagner pour ne pas que la belle Graciela n’épouse son frère aîné. Et puisque les désirs ne sont pas toujours satisfaits ou qu’ils ne le sont que partiellement, le seul recours possible est l’imagination. « Karel allait désormais adopter cette façon de déformer la réalité pour instiller un peu de merveilleux dans le quotidien, en particulier dans les histoires qu’il raconterait à sa progéniture. » (p. 68) Le cou rendu difforme par des années sous le double joug paternel, Karel tord la réalité à son goût, l’adapte à sa vue et à sa vision du monde.
    Une quinzaine d’années plus tard, Sophie, l’épouse de Karel, est sur le point d’accoucher et c’est toute une vie de souvenirs, réels ou fantasmés qui fait surface et s’empare du jeune fils d’émigrés tchèques. Karel est aujourd’hui un homme séparé de ses frères par une querelle qui sourd et perce quand le ciel gronde. Et quand les jumeaux Knedlik entreprennent de le rouler et de rouler les autres frères Skala, il est temps de savoir ce qui définit une famille et ce qu’il est bon de laisser au passé.


    Un personnage est omniprésent dans ce roman alors qu’il n’apparaît qu’au début, Klara Skala, la mère de Karel. Conscient de l’avoir entraînée dans la tombe en poussant son premier cri, Karel manque de sa mère, même à l’âge adulte. Il ne cesse de la rêver et de l’imaginer, superbe cavalière blonde. À cette image surgie du néant se superpose celle de Graciela : cavalière émérite et belle à se damner, elle hante les rêves du jeune Karel et reste son fruit défendu. Cette obsession de la femme inaccessible est nourrie de ressentiment et de frustration. « Quelle sorte de femme, se demande-t-il, se donnerait à un homme pour ensuite le renvoyer et épouser son frère le jour suivant après une bonne nuit de sommeil ? Quel genre de femme met un garçon au monde pour l’y abandonner sans la chaleur de sa poitrine, sans le doux tourbillon de ses jupes ni la caresse apaisante de ses mains et de ses lèvres, et surtout sans les mots qui pourraient dissiper les peurs qui le réveillent au milieu de la nuit et le laissent seul, les yeux écarquillés dans l’obscurité ? » (p. 249) Chez les Skala, on ne met pas de mots sur les sentiments mais, comme est immuable la chasse du hibou grand duc, jamais Karel ne cessera de chercher la tendresse originelle.
    Le récit se compose d’allers et retours entre les années 1895, 1910 et 1924, soit celle de la naissance de Karel, celle de la mort de son père et celle de la naissance de troisième enfant. Ces trois éléments fondateurs s’enchevêtrent dans le présent. L’intrigue se tisse lentement et inexorablement : la navette du temps ne revient en arrière que pour mieux dessiner le motif à venir.
    Pour un premier roman, Bruce Machart entre d’un bond dans la cour des grands. Son texte a l’âpreté et la rugosité des romans de Steinbeck et la superbe des romans de Faulkner. Ouvrir Le sillage de l’oubli, c’est fouler le sol sec et poussiéreux d’un comté texan oublié du monde, c’est remonter le temps pour rejoindre l’époque où la vie se jouait à pile ou face sur le comptoir d’un débit de boisson. Si vous voulez savoir qui, de l’enfant ou du cheval, a le plus de valeur, lisez ce roman. Si vous pensez que les liens du sang parlent plus fort que les liens du cœur, lisez ce roman. Si vous êtes prêt à tout parier sur la course d’un cheval, lisez ce roman. Mais ne regardez pas de quel côté tombe la pièce : vous risquez d’être déçu dans les deux cas. Mais par le roman de Bruce Machart, non, vous ne serez pas déçu.


  • Conseillé par
    24 février 2012

    Texas, 1895. La femme de Vaclav Skala, fermier et propriétaire de cheveux, meurt en mettant au monde leur quatrième fils Karel. Rongé par la douleur, il change d’attitude et devient un homme dur. Les années passent et il transfère sa peine sur Karel en le délaissant. Ses fils travaillent à la ferme et Vaclav agrandit toujours et encore son domaine en pariant sur des courses de chevaux.

    Lorsque Guillermo Villasenor s’installe près des terres de Vaclav Skala. il engage un pari avec Vaclav. Pari qui va changer le cours de la famille de Vaclav Skala. L’enjeu est le mariage des trois filles de Guillermo si ce dernier gagne. Karel qui monte un des chevaux perd une course pour la première fois.Le jeune garçon est tombé amoureux de son adversaire, une des filles de Guillermo. Ses frères se retrouvent mariés et Karel s’éloigne des siens, coupe les ponts pour mener sa propre vie de famille.
    La narration sur trente ans nous fait vivre le tourbillon des émotions de cette famille écartelée: les remords, la haine mais aussi les liens du sang. Des sentiments tus, ensevelis sous la fierté et l’orgueil de ces hommes. Les femmes ne sont pas en reste et souffrent elles-aussi en silence. Comment trouver la paix et le pardon?

    Si Bruce Machart nous mène dans un premier roman mené de main de maître, ce livre n’emporte pas cependant entièrement mon adhésion. J’ai trouvé qu’il y avait trop de descriptions sur le travail à la ferme, les chevaux et le deuxième point mais cette fois sur la forme. Il faut avoir une (très) bonne vue : la typologie est vraiment petite…