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  • Conseillé par (Libraire)
    18 octobre 2024

    Le fascisme, matrice des populismes

    Antonio Scurati avait jusqu'ici choisi la forme du roman pour raconter le fascisme « de l'intérieur », selon ses propres mots *. Cela avait donné la monumentale trilogie « M » (« L'enfant du siècle » (2018), « L'Homme de la Providence » (2020) et « Les derniers jours de l'Europe » (2023). Dans « La politique de la peur » c'est la rigueur de l'analyse qui prévaut, même si Scurati, en bon romancier, sait aussi illustrer son propos d'images frappantes. Contrairement à Umberto Eco, qui voyait dans le fascisme un totalitarisme «flou », Scurati voit dans le fascisme un système cohérent et la matrice des totalitarismes qui marquent une nouvelle fois l'histoire contemporaine de l'Italie et de L'Europe. Si on associe communément le fascisme à la violence, une autre composante du fascisme a été le populisme, « c'est à dire les préceptes, les procédés et les techniques politiques qui, unis à la violence (...) ont permis il y a cent ans au chef du fascisme de séduire l'Italie après l'avoir violée, et même pendant qu'il la violait » nous dit Scurati dans une formule percutante.
    Scutati détaille avec brio, et en restant toujours au plus près de l'approche historique, ce que sont ces procédés et techniques. Et c'est là où l'analyse devient passionnante, car on ne peut que constater combien ces  procédés et ces techniques » inspirent les populismes actuels. Ils sont « l'héritage du fascisme historique dans le présent historique ».
    Dans une belle image de conclusion, Scurati, s'interrogeant sur le devenir de la démocratie, compare celle-ci (en bon italien) à une vigne qui requiert « soin constant et habile, amour et dévouement ». A chacun de nous d' être de bons vignerons.

    Jean-Luc

    *Voir l'interview publié dans "Télérama" le 4 mai 2024
    https://www.telerama.fr/debats-reportages/l-ecrivain-antonio-scurati-le-peuple-italien-n-a-jamais-regle-ses-comptes-avec-son-passe-fasciste-7020292.php