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Avoir un corps

Brigitte Giraud

Stock

  • Conseillé par
    13 novembre 2017

    vie moderne

    Dans ce roman, l’auteure écrit le temps qui passe par la voix d’une narratrice, de l’enfance à l’adolescence, l’amour, la maternité, le deuil…

    Je me suis retrouvée dans certaines situations : le nouveau point d’équilibre quand le corps grandit ; la première échographie et le corps qui se transforme ; les nuits à veiller son enfant ; le corps qui disparaît après un deuil mais qui tient toujours.

    J’ai aimé la présence de la ville qui donne une scène au corps ; la création du nid des amoureux chamboulé par l’arrivée du bébé.

    Des phrases simples qui s’enchaînent : le corps n’a pas besoin de fioritures.

    Des paragraphes plus ou moins longs : les sensations se succèdent.

    J’ai moins goûté le besoin d’affamer le corps pour le sentir.

    Un récit qui nous rappelle que nous ne sommes pas de purs esprits.

    L’image que je retiendrai :

    Celle du personnage principal traversant un pont et faisant corps avec elle, une sensation que je connais bien.

    http://alexmotamots.fr/avoir-un-corps-brigitte-giraud/


  • Conseillé par
    16 octobre 2013

    Le survol d'un corps

    En 2012, Daniel Pennac sortait " Journal d’un corps ", dans lequel un narrateur notait depuis son enfance ses transformations physiques. Avec l’humour qu’on lui connaît, Pennac s’embarquait dans ce corps qui bourgeonnait, tombait malade, exultait, vieillissait, et nous faisait traverser le siècle.

    Un an après donc, en cet automne 2013, Brigitte Giraud publie " Avoir un corps ", projet similaire au féminin. A priori, on se réjouit. Sauf qu’on déchante assez vite. Bien sûr, il ne s’agit pas de mesurer ce roman au livre de Pennac. Le problème, en l’occurrence, est dans le texte même de Brigitte Giraud. S’attaquer à un tel sujet -le corps des femmes- n’est pas anodin. Souvent assimilé dans la culture judéo-chrétienne au corps du délit, et donc longtemps, voire encore aujourd’hui, nié, malmené, battu ou violé, le corps des femmes a en outre été assez peu représenté par les femmes elles-mêmes, tant les écrivaines ont été peu nombreuses jusqu’au XXème siècle et le sujet toujours tabou. Il faut des plumes telles que Violette Leduc, mais aussi Virginie Despentes, pour l’empoigner à bras le corps. Deux noms qui ont choqué. Mais peut-on parler du corps des femmes sans déranger ? On ne sera en revanche pas vraiment dérangé par le livre de Brigitte Giraud, aimable chronique d’une petite fille devenant ado puis femme. On imagine que l’auteure avait soigneusement listé les thèmes à aborder –les premières règles, la naissance des seins, le premier rapport sexuel, la grossesse- qu’elle égrène page après page. Rien que du convenu, de l’attendu, du sans surprise. Et, surtout, rien de très approfondi, sensuel, exploré. Moins de trente lignes pour les premières règles. Trente lignes où il est d’abord question de chiffre, puisque le 28 domine désormais la vie de la petite fille devenue femme, qui confie tout de même : « Je n’aime pas l’idée d’être une fabrique, une usine, et encore moins une matrice. Les filles sont indisposées, comme on dirait indisponibles ou empêchées. On dit aussi que les filles sont formées, cela est effrayant »_. _C’est à peu près tout et c’est peu.

    A défaut d’être dans la chair, le livre pourrait se situer dans le cerveau, proposer une réflexion intellectuelle, philosophique, mais ce n’est pas cela non plus. C’est juste, et c’est dommage, un sujet survolé.

    Lire la suite de la critique sur le site o n l a l u


  • Conseillé par
    21 août 2013

    Avoir un corps ou la vie d'une femme à travers différentes étapes qui façonnent, forgent, modifient le corps. Il y a tout d’abord l'enfance et la prise de conscience de ce corps à travers des jeux, l’éducation des parents et sa place dans la famille. À treize ans, alors qu’elle se prépare un sandwich, sa mère lui dit qu’elle espère qu’elle ne va pas manger tout ça. « Cette phrase de ma mère, sa mise en garde brutale me signifie que je peux décider, maîtriser cette matière-là. C’est le jour où mon corps existe, il m’appartient. C’est le commencement du tourment, puisque, désormais, je vais y penser ». La graine est semée et la narratrice se trouve donc forcément pas assez mince. Corps restreint en nourriture et fini de sa passion la gymnastique, la volonté s'impose, écrasante et avec elle la joie de régner sur ce corps. Puis l’adolescence et le corps qui se métamorphose, se féminise avec des courbes et des arrondis. Plaisir de séduire et les premiers émois amoureux qui font vibrer. La fille et le garçon se voient en cachette, ivresse des sens et des interdits repoussés plus loin. Mais ce sont aussi les cours de biologie où les élèves regardent leurs pieds quand il est question des relations sexuelles entre homme et femme. Sujet mal connu, flou, incertain. Puis, l’entrée dans la vie active, s'installer en couple « et c’est la vie domestique qui se tisse à la vie amoureuse », partager le même espace à deux et les tâches. Le travail qui fait du corps un automate : gestes répétés des centaines de fois dans la journée. Choisir de devenir mère avec à nouveau un changement du corps, l’amour pour cet enfant et des responsabilités. Les premiers pincements au cœur quand elle laisse Yoto pour aller travailler. Puis, sans prévenir, le deuil qui fauche une vie trop tôt, inhibe tout. Des gestes de survie pour s’occuper de Yoto mais le corps semble sec, aride. Il lui faut réapprendre et ce sont autant de premières fois.

    Il ne faut pas réduire ce livre à un livre sur le corps des femmes car il y a bien plus !
    Avec sensibilité, et dans une écriture très sensorielle, sans jamais être grave et avec de l’humour, Brigitte Giraud décrit les liens entre le corps et l'esprit, ces attaches mystérieuses entre ces deux entités ou quelquefois l’un n’obéit pas. Car le corps se rebelle, se révolte ou puise dans sa mémoire.

    Un magnifique livre ancré dans l'histoire (je fais partie de cette génération qui enfant n'a pas connu le ceintures de sécurité mais la fumée des paquets de cigarette entiers aux repas de famille ou dans la voiture), roman intime mais tout à la fois social.

    Je me suis retrouvée car Brigitte Giraud a vraiment écrit la vie d’une femme à travers le corps et la sphère créée.
    J'ai souri, j'ai été émue, j'ai retrouvé des sensations vécues ou une partie de mon adolescence, le corps fatigué du travail des jobs d'été, la joie de donner naissance mais aussi le corps qui devient autre et souffrance.

    Ce livre trouvera forcément un ou plusieurs échos chez toutes les lectrices ! Un roman intemporel qui dans dix ou vingt ans n’aura pas pris une seule ride…