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  • Conseillé par (Libraire)
    15 avril 2016

    Un regard juste et ironique

    Décidément, Sophie Divry apporte un regard juste et plein d'ironie sur notre société actuelle. Après la condition pavillonnaire, son dernier roman s'attache à la vie d'une chômeuse de longue durée qui invente et bricole pour survivre. Ce livre est drôle et décalé, avec un beau travail graphique.


  • Conseillé par (Libraire)
    18 avril 2016

    Quand le diable sortit de la salle de bain

    Dans un roman hilarant et corrosif, Sophie Divry nous raconte les tribulations de jeunes gens qui tentent d'entrer dans la vie active à l'heure où le chômage fait rage et où les patrons semblent penser qu'ils ont tous les droits. Un roman social d'un nouveau genre où la truculence et l'invention textuelle (sous toutes ses formes) ont définitivement damné le pion au misérabilisme et à l'apitoiement mais sans occulter les questions importantes.

    Sophie, notre narratrice, est chômeuse, diplomée mais chômeuse. Elle ne se plaint pas : c'est toujours mieux que les piges pour le journal qui ne lui laissait rien à la fin du mois tellement c'était mal payé et irrégulier ! Elle tente donc d'écrire un roman (afin de devenir riche, enfin, et surtout manger à sa faim !) mais en attendant, Sophie a faim et ça vire à l'obsession.
    Alors les pensées parasites envahissent peu à peu son esprit, jusqu'à obscurcir son jugement : comment envisager sereinement la vie quand votre placard est vide ? comment se sentir l'égale des autres quand votre esprit est obnubilé par le fait de manger et que le monde du travail vous ignore ? Impossible d'écrire dans ces conditions ! L'écriture, le chômage et le succès sont-ils incompatibles ?
    Hector, son meilleur ami et compagnon de galère à Pôle Emploi, pense que les choses s'arrangeront dès qu'il aura réussi à séduire sa voisine. Quant à Lorchus, le démon de Sophie, il pense que la faim justifie les moyens et que l'embarras est dans le choix : vol à l'étalage ou vol à l'arrachée ?
    Pour échapper à tout ça, Sophie accepte l'invitation de ses parents pour un week-end où tous les frères et sœurs seront réunis : il faudra affronter la réussite sociale des autres mais à ventre plein rien n'est impossible pense-t-elle. Et peut-être même pourra-t-elle envisager de donner un nouveau départ à sa vie...


  • Conseillé par
    7 septembre 2015

    Dans la postface, Sophie Divry écrit : "ce roman raconte une histoire : la recherche d’emploi d’une jeune précaire. Sans prétendre dresser un tableau objectif du chômage, je voulais que ce livre reflète quelque chose de nos misères contemporaines, quelque chose à la fois de prosaïque et d’urgent, du ressort de la nécessité économique. Mais sans pour autant faire un document sur la misère, ni un manifeste." Et nous voilà embraquée dans le quotidien de Sophie au chômage et en fin de droit. Et avec ses galères. Car comment vivre avec moins de vingt euros pendant plusieurs jours ? Mais Sophie possède cet optimisme qui lui permet de ne pas sombrer. Mais la moral est mis à mal face aux illogismes de l’administration et aux tentations ô combien nombreuses. Que deviennent le siens sociaux quand on est exclu du système du travail? Piquant, drôle, audacieux sans verser dans le pathos, vif, entraînant j’ai souri (quel livre sur le chômage aurait cet effet ?) mais par contre je me suis un peu ennuyée dans les nombreuses digression et j’ai trouvé fin un peu brutale. Après "La côte 400", "La condition pavillonnaire" Sophie Divry démontre qu’elle possède plus d’une corde à son talent de romancière.


  • Conseillé par
    31 août 2015

    Beaucoup de trouvailles, de (ré)-inventions, de jeux avec les mots, avec la typographie, la mise en page pour ce roman de Sophie Divry. J'écris (ré)-inventions car dans une post-face intitulée Bonus, l'auteure met en copie une lettre adressée à la responsable d'une résidence d'écrivains dans laquelle elle cite Laurence Sterne, et, renseignements pris, je sais désormais que ledit Sterne (1713/1768), romancier et ecclésiastique a beaucoup joué avec la typographie et la mise en page. Pas facile de décrire les différents jeux avec les lettres, les calligrammes, mais sachez qu'il rajoutent une touche de plaisir de lecture et d'humour. Car ce roman, même s'il traite d'un sujet malheureusement banal et loin d'être drôle, l'est tout de même. D'abord dans la forme avec donc la mise en pages, mais aussi avec des néologismes notamment ceux qui servent à introduire une parole de la mère de Sophie : "s'exclamaugréa", "continunia", "intervindica", "articulâcha", "ajoutacla", ... ça nous change des sempiternels et inévitables, "dit", "répondit", "s'exclama" et c'est plus joli.

    Sophie Divry écrit là un roman dialogique (merci les Bonus, je ne connaissais pas le terme), qui fait presque penser à de l'improvisation, comme si l'auteure nous racontait en direct son histoire avec les multiples digressions, parenthèses, délires ; tous ne sont pas drôles ou percutants, mais à chaque fois, l'originalité, le ton résolument joyeux, le décalage emportent l'adhésion du lecteur. Il arrive également qu'à l'instar du film de Philippe de Broca, Le Magnifique -avec bien sûr Jean-Paul Belmondo et Jacqueline Bisset-, un personnage croisé se retrouve dans un des délires de Sophie. De même les personnages, Hector, par exemple peuvent intervenir dans la mise en page du roman, exigeant une police de caractère et une scène particulières.

    J'ai beaucoup parlé de la forme et le fond, me demanderez-vous ? Eh bien, j'ai apprécié également l'humour qui court tout au long du livre, les réflexions parfois très premier degré de tel ou tel intervenant, mais aussi les coups de gueule de Sophie sur le port du voile, sur le harcèlement au travail, sur la peur de l'autre qui dérive très vite vers la haine de l'autre, sur la difficulté de vivre avec les minimas sociaux, la honte d'en dépendre, ... Elle parle bien aussi de l'enfance qui s'en va, de la vie de famille, Sophie est issue d'une famille de sept enfants -comme moi !-, et les fêtes familiales sont toujours de très bons moments où chacun fait attention à l'autre et laisse au vestiaire ses soucis et ses opinions tranchées.

    Belle écriture, qui joue avec les niveaux de vocabulaire, les répétitions, les longueurs de phrases, les références ; Sophie Divry use de la virgule, du point virgule, du "bital et monocouille", selon Pierre Desproges, point d'exclamation, ose les longs catalogues de comparaisons, de métaphores, ... sans que cela ne soit dérangeant, au contraire.

    Ma première lecture de cette auteure, qui, vous le comprenez, me laisse un excellent souvenir, je suis sous le charme et encore tout heureux. A priori, très différent de son roman précédent, La condition pavillonnaire, qui me tentait bien, dans un genre plus dramatique. Un roman à lire absolument si vous voulez sortir de la banalité et qui je l'espère aura un bel écho au sein de cette rentrée littéraire. En plus, Notabilia est une très belle collection chez Noir sur blanc et la couverture est une réussite, à la fois voyante et sobre.