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14 Juillet

Éric Vuillard

Actes Sud

  • Conseillé par
    26 janvier 2017

    Révolution

    Moi qui ai horreur des accumulations en littérature, on peut dire que j’ai été servi avec ce texte.

    Je n’ai pas réussi à entrer dans l’histoire, à me passionner pour tel ou tel individu.

    Oui, il y a un travail certain de recherche, mais la mise en forme m’a rebuté.

    La fresque créée par l’auteur ne m’a pas parlé.

    Tant pis pour moi.

    http://alexmotamots.fr/?p=2525


  • Conseillé par
    18 décembre 2016

    Ah, ça ira, ça ira !

    Dans « 14 juillet », Éric Vuillard raconte la prise de la Bastille comme vous ne l’avez jamais lue dans les livres d’histoire. Menant avec brio un récit alerte composé de personnages vivants, il nous parle à nous, lecteurs et citoyens du 21e siècle, et rend justice à ceux qui ont mis en marche la Révolution française sans en avoir conscience.

    Au départ, un sentiment d’injustice sourd au sein du Tiers-Etat qui trime et ne peut plus se nourrir : « un journalier gagne dix sous par jour, un pain de quatre livres en vaut quinze ». Alors ça gronde, ça grogne, ça trépigne, et quand on sait qu’à Versailles c’est la gabegie, que les banquiers spéculent sur la dette, les esprits s’échauffent et les femmes réclament du pain. Faute d’être entendu, on commence à piller les palais, puis on recherche des armes. C’est à la Bastille, prison d’Etat et symbole de l’arbitraire de l’Ancien Régime, qu’on pense en trouver, mais devant la résistance de son gouverneur, la rage du peuple aux abois se cristallise autour de la forteresse.

    **Cinéma en 3D**

    Lire la suite de la critique sur le site o n l a l u


  • Conseillé par
    24 septembre 2016

    Les romans historiques ne sont pas ma tasse de thé aussi un livre avec pour titre 14 Juillet n’avait rien pour m’attirer. Il y a eu sur Facebook une conversation sur ce livre et cet auteur mais j’étais toujours en résistance. Et Delphine (Dialogues) m’en a parlé mais surtout elle m’a fait lire des passages. Et l’écriture d’Eric Vuillard m’a soufflée.

    "Il faut écrire ce qu'on ignore. Au fond, le 14 Juillet on ignore ce qui se produisit. Les récits que nous en avons sont empesés ou lacunaire. C'est depuis la foule sans nom qu'il faut envisager les choses. Et l'on doit raconter ce qui n'est pas écrit."
    Eric Vuillard n’a pas l’intention de nous raconter le 14 Juillet et ses événements d’un point de vue formaté. Non, lui ce qui l’intéresse c’est le peuple.
    Avril 1789, la cour du Roi a beaucoup joué et s'est amusée de fanfreluches et de caprices. Le peuple meurt de faim et grogne de mécontentement. Réveillon patron d’une manufacture veut baisser les salaires des ouvriers. C’est la goutte d’eau qui fait déborder de vase. Des émeutes suivent, la folie Titon est saccagée et malgré les morts, il n'y a pas de retour au calme.
    L’auteur identifie les dix-huit victimes et leur redonne vie.

    Et le récit continue, les journées précédant le 14 juillet naissent sous nos yeux avec cette foule: "On dirait que Paris vient d'être frappée par une immense baguette de sourcier ; de toutes parts, ça s'écroule, entre les murs jaunis, à travers les jardins et le long des fosses. Il y a des gens partout. Il faut imaginer ça. Il faut imaginer un instant le gouverneur et les soldats de la citadelle jetant un oeil par-dessus les créneaux. Il faut se figurer une foule qui est une ville, une ville qui est un peuple. "

    On se passe le mot, l'embrasement se propage. Les anonymes sont des noms, des personnes et ce sont eux les acteurs. On est immergé dans cette foule. Ca crie, ça revendique, on se bouscule ou on s'aide, de simples curieux à ceux qui ont des convictions ou pas.
    "Qu'est-ce que c'est, une foule ? Personne ne veut le dire. Une mauvaise liste, dressée plus tard, permet déjà d'affirmer ceci. Ce jour-là, à la Bastille, il y a Adam né en Côte-d'Or, il y a Aumassip marchand de bestiaux né à Saint-Front-de Périgueux il y a Béchamp, cordonnier (…) c'est étrange les noms, on dirait qu'on touche quelqu'un. Ainsi, même quand il ne reste rien, seulement un nom, une date, un métier, un simple lieu de naissance, on croit deviner, effleurer. Il semble qu'on puisse entrevoir un visage, une allure, une silhouette. Et, entre les mâchoires du temps, on croit parfois entendre des voix, (..). "

    C’est vivant et fiévreux comme l’écriture. Elle nous happe par sa fougue, elle suscite des émotions, une frénésie contagieuse. A certains passages, cette écriture joue aussi délicieusement avec l'insolence.
    Changement de ton pour la dernière page magistralement belle, Eric Vuillard nous rappelle que l’on peut changer le cours de l’Histoire et "forcer les portes de nos Elysées dérisoires".
    Un livre formidable et généreux avec une écriture qui m'a conquise !

    "Versailles est une couronne de lumière, un lustre, une robe, un décor.Mais derrière le décor, et même dedans, incrustée dans la chair du palais, comme l'essence même de ses plaisirs, grouille d'activité interlope, clabaudante, subalternes. Ainsi, on trouve des fripiers partout, car tout se revend à Versailles, tous les cadeaux se remonnayent et tous les restes se remangent. Les nobles bouffent les rotagons de première main. Les domestiques rongent les carcasses. Et puis on jette les écailles d'huîtres, les os par les fenêtres. Les pauvres et les chiens récupèrent les reliefs. On appelle ça la chaîne alimentaire."