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Conseils de lecture

20,90
Conseillé par (Libraire)
17 décembre 2022

Décalé, inattendu !

Un étonnant récit sur la vieillesse... Celle d'un couple retiré au fond d'une maison, au fond des bois.
Surgit une chienne qui va bousculer et ré enchanter leur vie, et leur rapport au monde.
Une ode sensible à la nature, une réflexion sur notre rapport humain au vivant, animal et végétal.

Laissez-vous suprendre par cette belle écriture !

Sylvie


29,90
Conseillé par (Libraire)
6 décembre 2022

Souvenirs d'enfance

« On est de son enfance » écrit Emmanuel Lepage. A plus de 50 ans il décide de se retourner vers ces années qui l’ont créé et formé. Un socle qui l’a constitué d’autant plus important qu’il est différent de celui de la majorité des enfants de son époque. Les parents du jeune briochin s’engagent en effet dans le milieu des années soixante à cohabiter dans une communauté, un habitat partagé avec d’autres familles. C’est là, au Gille Pesset que va grandir Emmanuel, spectateur et acteur d’une tentative de vie collective dont l’auteur nous raconte, à travers des rencontres avec les familles participantes, les espoirs, les incertitudes et les échecs.

Le dessinateur dans son récit personnel de l’apprentissage enfantin de la vie mêle ainsi au long de plus de 300 pages, l’intime et une époque où tout semble possible. Des drames familiaux cachés et tus côtoient les envies d’un autre monde, prémices d’un mai 68 que les six familles ne voient pas venir. C’est une époque qui revit sous les pinceaux magiques de l’auteur, celle d’une société balisée par une Eglise omniprésente. C’est une époque où l’on pense que tout est possible. Abolir ou réduire les inégalités, envisager autrement la société et ses classes sociales.

Enfance, vie en commun, partage, engagement autant de thèmes qui traversent l’album. La monochromie, le sépia, le noir et banc, le gris sont les signes visibles de la difficulté de construire un rêve qui a un présupposé non-dit: l’Homme est bon. La couleur magnifique et rayonnante est surtout utilisée pour montrer les jeux, les moments de vie et de bonheur des enfants.

On voulait « changer le monde » déclare un des participants à cette expérience. « Pour nos parents le Gille Pesset est une idée, une utopie … Mais pour moi et pour chaque enfant du groupe il est le Monde » écrit Emmanuel Lepage.


Une traversée des Alpes à ski

Gallimard

20,00
Conseillé par
3 décembre 2022

"Le voyage devenait notre poème."

Écorché aux mûres des chemins noirs, plongé dans le bleu de l'Odyssée, l'arpenteur poursuit sa recherche de la couleur des voyelles. Se dépasser, c'est s'effacer, se diluer dans le poème de la neige. Se fondre dans d'autres encres, dans la fraternité de l'épreuve et du thé brûlant. Se pulvériser dans l'espace et l'immensité poudreuse de l'air glacé. Quatre fins d'hiver à célébrer à travers les Alpes, de la Méditerranée à l'Adriatique, à la barbe des frontières et des confinements. Quatre saisons d'hiver pour s'exercer à la perte et au deuil, se fier à la patience et à l'amitié, s'aiguiser à la merveille.

Anne-Marie


26,00
Conseillé par (Libraire)
29 novembre 2022

"HENAURME"

Ne faisons pas le malin ou l’innocent: on ne s’approche pas chez notre libraire préféré d’un livre de plus de 900 pages comme d’un livre de poche. D’abord, il y a le poids. Puis le prix. Et puis se dire qu’en le prenant on s’embarque pour des heures et des heures avec un compagnonnage dont on n’est pas certain qu’il ne nous ennuiera pas au début de la page 427. Alors il faut un petit coup de folie, l’envie d’essayer, de tenter, d’oser une première fois. Ou de se rendre d’abord par une invitation de Grégoire Bouillier sur un site Internet. Cliquer sur le site lecoeurnecedepas.com tout simplement et, en une photo, comprendre la logique et le caractère simple, voire simpliste d’une recherche d’un écrivain transformé en enquêteur-détective. Sur la page d’accueil du site, vous suivez le fil rouge avant de passer au fil vert en revenant par le fil jaune. Surtout vous cliquez sur les pastilles rouges. Et voilà. Vous savez où vous mettez le nez ou plutôt les yeux. C’est limpide (tiens, Bouillier pourrait faire quelques pages sur le fait d’aller sur un site internet avant de commencer un ouvrage, cela en dit long sur notre époque. Il faudra lui suggérer). Le tableau d’enquête dans son extrême limpidité dit tout car ,vous l’avez compris, il s’agit bien d’investiguer sur un suicide qui eut lieu en 1985. Cette année là Grégoire Bouillier entend à la radio un fait divers: une femme, qui semble s’appeler Marcelle Pichon, s’est laissée mourir de faim chez elle pendant quarante-cinq jours. Son corps ne sera découvert que 10 mois plus tard. Elle a tenu pendant ce temps le journal de son agonie. En 2018, le hasard lui rappelle cet évènement. Il décide alors d’en savoir plus sur cette femme, qui fut semble t’il mannequin dans les années cinquante et dont la mort fut considérée par les média comme un drame de la solitude. Il confie l’enquête à une agence de détective, la fameuse Bmore & Investigations, à son patron et à sa collaboratrice Penny, une gaie luronne qui se fait appeler « celle-ci ».

Enquêter des années plus tard sur un fait divers réel. On pense à Jaenada capable de débusquer l’histoire de Pauline Dubuisson. On pense à Yvon Jablonka faisant revivre Laetitia, furieusement assassinée, mais tous deux avaient à leurs disposition des documents, des milliers de pages d’instruction, voire même des témoins encore vivants. Grégoire Bouillier n’a rien de tout cela. Alors il va falloir combler les vides par des recherches minutieuses. Et par son imagination, ses colères, ses emballements. L’investigation minutieuse, scientifique et impressionnante côtoie désormais les suppositions les plus sérieuses ou les plus farfelues. C’est un flot qui vous emporte, un flot souvent plein d’humour, de sagesse, de troisième, voire quatrième si ce n’est cinquième degré, un flot d’écriture comme vous n’en avez jamais vu, ni lu.

Bien entendu vous pouvez sauter un chapitre et garder le fil, c’est un des dix commandements de lecture de Daniel Pennac, mais vous risquez de le regretter car vous passerez à côté de moments de bonheur pur, celui de l’écriture, de l’érudition ou de la franche rigolade comme ces pages consacrées à la recherche de magnétiseurs susceptibles de retrouver le carnet de Marcelle ou encore les pages de réflexion sur l’épidémie de Covid, la médiocrité des journalistes (de l’époque bien entendu!). Sur la vie. La mort. On n’en finirait plus d’énumérer les thèmes évoqués dans le livre.

Et puis qui dit enquête, dit intrigue, dit indice et vous embarquerez aussi dans un polar de première zone qui vous invitera à regarder autrement le nom gravé d’un marbrier sur une tombe (premier indice qui vous est offert gratuitement).

On sort de ce « grand voyage dans le temps et l’espace » éreinté mais aussi subjugué, émerveillé. On relit alors cette phrase en terme de conclusion: « Élucider voulant dire non pas faire toute la lumière sur le drame mais clarifier les termes mêmes de sa noirceur. » Une noirceur lumineuse d’intelligence et d’humanité. Valant largement son poids.


19,50
Conseillé par (Libraire)
28 novembre 2022

Jo Nesbø présente

Le grand Jo Nesbø nous avait entraînés, au fil de la série des « Harry Hole » (son héros récurrent, génial enquêteur de la police d'Oslo, écorché vif et alcoolique), dans des histoires de plus en plus noires qui pouvaient faire craindre le pire (autrement dit que Harry Hole lui-même mette fin à la série, emporté par ses démons). Comme s'il voulait entretenir le suspense, ou nous laisser respirer (et peut-être respirer lui même, qui sait), Nesbø nous offre avec « De la jalousie » une sorte d'intermède, en s'aventurant sur le terrain peu fréquenté de la nouvelle policière. On y découvre un autre Jo Nesbø, tout autant maître de son art qu'il l’était dans ses romans au long cours : concision et clarté des intrigues (qui n'hésitent pas pour certaines à recourir au ressort du fameux « whodunit » : « qui l'a fait ?», « qui est le coupable ? »), rigueur du tempo, (Nesbø est aussi musicien), finesse des ambiances, art consommé et pervers de la chute (comme une sorte de clin d’œil, l'intrigue de la plus longue des nouvelles, « Phtonos », se déroule dans les milieux de l'escalade ; les amateurs de ce beau sport se régaleront, car c'est très documenté).
A la fin des années 1950 Alfred Hitchcock présentait sur la chaîne américaine CBS de petites pépites de courts métrages policiers, réalisés pour certains par lui-même. La série s’appelait tout simplement « Alfred Hitchcock presents ». Elle a été diffusée et rediffusée en France sous le titre « Alfred Hitchcock présente ». Le « maître du suspense » nous saluait d'un  sépulcral « Bonsoir », et on entrait dans ses histoires, ravi. "De la jalousie" fait irrésistiblement penser à « Alfred Hitchcock présente ». Jo Nesbø nous salue d'un malicieux « Bonsoir » et on entre dans ses histoires, ravi.

Jean-Luc