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Conseils de lecture

12,00
Conseillé par (Libraire)
20 novembre 2021

Mais que se passe-t-il dans la forêt sombre et profonde ?

Il fait nuit, les loups sont réveillés et ont l'air affamés !
Ah... En fait, non...
Maman a oublié le bisou !

Lou


12,00
Conseillé par (Libraire)
18 novembre 2021

A déguster

Une poésie merveilleuse, légère, pétillante, douce-amère... Comme un bonbon acidulé !

A déguster sans fin !

Sylvie


Entretiens avec emmanuel resche-caserta

Actes Sud

20,00
Conseillé par (Libraire)
17 novembre 2021

La façon Christie

William Christie est musicien, claveciniste, et surtout fondateur et chef de l'ensemble Les Arts florissants, qui œuvre depuis plus de 40 ans au renouvellement de l'approche et de l'interprétation de cette merveilleuse musique qu'est la musique baroque. Américain (même s'il est aujourd'hui naturalisé français), il aura fait plus que bien d'autres pour redonner son faste à la musique française du « Grand siècle ». Héritier des premiers « baroqueux », c'est aussi contre eux qu'il a défini son style propre, ce qu'il appelle « la façon Christie », où l’essentiel semble être de transmettre aux musiciens et au public l'émotion qu'il ressent lui-même.
Il a proposé à Emmanuel Resche, son premier violon, de recueillir et mettre en forme, au fil d'entretiens souvent informels (au sortir d'une répétition, au cours d'un voyage, ou chez lui, dans sa maison en Vendée), ce qui pourrait être une sorte d'héritage intellectuel et artistique, à côté de la liste impressionnante des concerts, représentations et enregistrements produits par Les Arts florissants.
Ce petit livre se lit d'une traite. C'est intelligent, alerte, passionnant. Les brèves introductions qu'Emmanuel Resche a rédigées au début de chaque chapitre, teintées d'humour, apportent une touche supplémentaire de légèreté. Pour les amateurs de musique baroque c'est un vivant précis d'esthétique. Pour les néophytes une très accessible initiation. Pour tous le portrait attachant d'un grand artiste qui a su garder sa simplicité, aussi bien pour parler de son art que pour vous préparer, en jean et chemise à carreaux, un dîner avec les restes du frigo.

Jean-Luc


Sarbacane

25,00
Conseillé par (Libraire)
16 novembre 2021

Glaçant et passionnant

Un titre énigmatique pour une Bd qui l’est tout autant. C’est Isao Moutte lui même qui nous donne sa définition par la voix d’un de ses personnages: « C’est de l’occitan, ça veut dire quelque chose comme tas de pierres ». C’est bien en effet un tas de pierres qui va changer la destinée d’une dizaine de personnes. Un amas de rochers sur une route, soudainement coupée. Un bus et une voiture bloqués. Cela suffit pour transformer un banal voyage familial, professionnel en cauchemar. Surtout quand la demi douzaine de marcheurs forcés est hébergée dans une étrange famille, pas vraiment sympathique, qui nous rappelle le clan et l’affaire Dominici, ce paysan bas alpin isolé, taiseux et redoutable.

Pourtant le cadre choisi a tout pour être idyllique même si la saison n’est pas estivale. Le Sud du massif du Vercors, tant chéri par Daniel Pennac notamment, a cette grandeur, cette magnificence qui appellent à la poésie. Mais si d’une très haute falaise on peut apercevoir un horizon magnifique à plusieurs dizaines de kilomètres, on peut aussi en chuter mortellement. C’est plutôt cette deuxième hypothèse que retient l’auteur franco-japonais qui par des couleurs automnales étouffantes transforment cette nature magnifique en scènes d’horreur et en huis clos écrasant. La lumière n’est belle qu’au lever et au coucher du soleil, deux moments de repos dans un récit mené tambour battant.

Les sangliers font peur, la forêt est étouffante, les grottes ne sont pas des refuges mais des pièges, les routes ne sont que des impasses et les fusils ne servent pas qu’à la chasse. Et surtout l’auto stop peut être le début d’un gigantesque piège qui se referme lentement et dont on ne découvre la trame que très progressivement. On imagine facilement cette histoire racontée dans un bon polar noir décrivant des personnages riches de leurs différences: un homme un peu balourd, une jeune fille intrépide, un garçon naïf et faisant la part belle à une nature devenue hostile. Tout est en place et le mérite de Isao Moutte est de transcrire ce scénario implacable en images et en un récit fluide qui appelle comme tout bon polar à tourner vite la page.
Des cases entières sont dénuées de parole pour laisser la place au silence et à son alter ego, la frayeur. Plans fixes alternent souvent avec des actions mouvementées parfaitement dynamisées par un trait efficace qui va à l’essentiel. Roman noir mais aussi donc film noir, tant les ingrédients du genre sont omniprésents au long des 160 pages qui se dévorent d’un trait et se relisent à tête reposée.

Eric


Trois vies improbables et vraies

Rivages

17,00
Conseillé par (Libraire)
14 novembre 2021

Indomptables Mapuches et quarantièmes rugissants

Claudio Magris est un écrivain voyageur qui ne s'intéresse pas tant aux lieux eux-mêmes qu'à l'imaginaire qu'ils nourrissent. Il ne se déplace pas tant dans un espace que dans une culture, et ouvre des mondes plutôt qu'il ne parcourt le monde. Il en avait fait la merveilleuse démonstration dans « Danube », livre monumental qui embrassait l'histoire et la littérature de la Mitteleuropa et des Balkans en suivant le cours du grand fleuve européen.
Avec « Croix du sud » il nous transporte dans le cône Sud de l'Amérique latine, Patagonie et Terre de Feu. Il choisit de nous raconter trois vies, « improbables et vraies », trois vies d'Européens qui se sont passionnés pour ces terres inhospitalières et y ont lié leur destin : Janez Benigar, aventurier slovène débarqué à Buenos-Aires en 1908, devenu spécialiste de la culture et de la langue du peuple autochtone des Araucans, qu'on connaît mieux sous le nom de Mapuches ; Orélie-Antoine de Tounens, avoué à Périgueux, autoproclamé, en 1860, « Roi d'Araucanie », royaume qui n'aura finalement jamais existé ; et enfin Angela Vallese, religieuse piémontaise arrivée en Terre de Feu en 1880, et que les Indiens Onas prirent pour un manchot, à cause de son habit noir et blanc. Des trois personnages c'est le plus attachant. Elle voue un amour infini aux Mapuches, peuple indomptable qui a affronté les Incas avant les Conquistadors et continue aujourd'hui de résister à l’État chilien. Elle soulève des montagnes pour les sauver. Le livre de Magris est aussi un hommage au Mapuches.
Comme toujours avec Claudio Magris l'érudition est éblouissante, sans jamais être pesante. On croise Jules Verne aussi bien que Darwin, Borgès bien sûr, mais aussi de façon plus surprenante, José Mario Bergoglio, l'actuel pape, qui s'intéressa de près à ces terres et à ses peuples autochtones.
A la fin du livre Magris s'aventure au delà du Cap Horn, sur les eaux furieuses de l'océan austral, peuplées d’îles désolées et de mythes effrayants, jusqu'aux « quarantièmes rugissants » et aux « cinquantièmes hurlants ». Sa prose devient lyrique. On en sort ébouriffé.

Jean-Luc