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Poésie
Cette anthologie couvre l'oeuvre poétique de Nouri Al-Jarrah de 1988 à 2019. Depuis 2011, ses poèmes sont marqués de bout en bout par la tragédie syrienne. Le Désespoir de Noé est une élégie de Damas, sa ville natale qui lui est interdite. Il mobilise pour elle les différentes figures du Patriarche, depuis les premiers récits mésopotamiens du Déluge jusqu'au Coran, en passant par l'Ancien Testament. Une barque pour Lesbos est un vibrant hommage aux centaines de noyés syriens en Méditerranée, qui cherchent refuge en Europe. Dans Nulle guerre à Troie, il emprunte à Homère ou à ses personnages leurs voix, tout en combinant la symbolique dont ils ont toujours été chargés avec différents éléments, parfois simplement suggérés, du patrimoine spirituel ou littéraire arabe et européen, qui les situent dans le temps présent et dans l'espace syrien. En tout cela, il est l'un des très rares poètes arabes vivants à marier avec bonheur l'épique et le lyrique.
S'il écrit peu de poèmes, formellement parlant, Christian Bobin est sans doute l'un des écrivains contemporains qui sait au plus juste mettre en œuvre l'injonction d'habiter poétiquement le monde, injonction proférée jadis par Hölderlin. Avec lui, pas de faux-semblants, aucun réflexe de litttérateur, mais un engagement de l'être dans le temps même de la vie, et une parole qui a pouvoir de viatique. Les textes rassemblés dans ce volume ont tous ce supplément d'âme et de lumière qui, non seulement fait escorte, mais invente des routes imprévues, des clairières inespérées, sans jamais occulter les épreuves, les alarmes ni les deuils. «Je suis né dans un monde qui commençait à ne plus vouloir entendre parler de la mort et qui est aujourd'hui parvenu à ses fins, sans comprendre qu'il s'est du coup condamné à ne plus entendre parler de la grâce», écrit Christian Bobin dans La Présence pure. Et cette grâce qu'il préserve au bord de la mort comme sur le visage de l'amour, il s'en fait le guetteur, le sourcier, et il a comme personne les mots pour l'éveiller.
«Je suis né dans un monde qui commençait à ne plus vouloir entendre parler de la mort et qui est aujourd'hui parvenu à ses fins, sans comprendre qu'il s'est du coup condamné à ne plus entendre parler de la grâce.» Christian Bobin