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L'imposture du théologico-politique
EAN13
9782251918303
Éditeur
Les Belles Lettres
Date de publication
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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L'imposture du théologico-politique

Les Belles Lettres

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Le « théologico-politique », c’est l’idée selon laquelle au « fond » des
choses politiques, il y a toujours quelque chose de religieux : quelque chose
ayant à voir avec notre rapport au sacré. Même à l’heure où la politique
moderne s’est « sécularisée » (séparée des pouvoirs religieux) et où les
références religieuses, parfois présentes en elle, ont infiniment moins de
poids que par le passé, la pensée théologico-politique est formelle : le fond
de l’affaire serait encore et toujours « religieux ». Depuis une trentaine
d’années, le théologico-politique est en plein triomphe dans la philosophie
contemporaine. Très au-delà de la mode « Carl Schmitt », c’est une vague qui
passe par Giorgio Agamben, Charles Taylor, le dernier Jürgen Habermas, le
dernier Richard Rorty… et qui fait revivre, aussi, certaines œuvres du passé :
celles de Jacob Taubes et d’Eric Voegelin, ou certains écrits de Karl Jaspers.
Toute une myriade d’auteurs contemporains la nourrit (Gianni Vattimo, Marcel
Gauchet, Luc Ferry…), non sans échos à un air du temps général (dont témoigne,
par exemple, le succès des thèses de René Girard). Alors que l’histoire
politique moderne avait fini par accomplir le désir de Spinoza d’une rupture
avec le théologique – désir formulé dans son Traité théologico-politique de
1670 –, voilà que le théologique est à nouveau présenté comme le secret caché
du politique. Et c’est d’autant plus troublant que les années 1960 et 1970
avaient énergiquement combattu la tentation d’affirmer, dans les choses
politiques, une détermination « en dernier ressort », de quelque nature que ce
soit. Le théologico-politique, aussi « renouvelé » soit-il aujourd’hui, est
une imposture. Une démesure de la pensée, qui force les réalités politiques
pour imposer sa « thèse ». Et ce triomphe parle non des choses politiques,
mais de la philosophie. De ses désirs à elle, rarement tout à fait éteints,
d’atteindre une toute-puissance théorique, c’est-à-dire un savoir total sur
l’histoire : sur sa direction, sur sa véritable « ressource », sur son
prétendu « fond ». Voilà ce que montre ce livre. Mais il propose aussi une
enquête : pourquoi cette quête de toute-puissance théorique a-t-elle resurgi,
à ce moment-là de notre histoire philosophique et de notre histoire tout court
?
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