Alexandre de Humboldt, l'eau et le feu

La crise écologique actuelle renvoie à une approche de la planète Terre qui a été celle d’un objet à exploiter. Nous sommes arrivés au terme d’un cycle qui a démarré à la fin du XVIIIe siècle à la charnière du siècle des Lumières et du romantisme. Au moment où le capitalisme financier met en place la colonisation, Alexandre de Humboldt, jeune géologue, né et formé à Berlin mais habitant Paris, prépare avec un médecin botaniste, Aimé Bonpland, une exploration scientifique qu’ils mènent en Amérique latine pendant quatre ans de 1799 à 1804. Une expédition impossible mais parfaitement réussie ! Ce voyage extraordinaire va révolutionner la lecture du monde et aider Darwin à penser l’évolution et Haeckel à inventer le mot « écologie ». Gilles Fumey, géographe qui a déjà écrit sur le XIXe siècle des explorateurs, retrace ce voyage extraordinaire mené dans des conditions extrêmes et qui fut, par le génie de Humboldt, un exploit et une réussite totale. Comment nos corps « travaillent » à lire la nature ? Comment les scientifiques ont percé le secret de la planète Terre ? S’inspirant des notes de voyage et de la correspondance de Humboldt, le livre reconstitue la manière avec laquelle sont nées nos lectures du monde actuel. Pour raconter ce voyage, Gilles Fumey a imaginé comment le savant botaniste, géographe, anthropologue, chimiste, physicien du globe, a pensé cette expédition hors normes. En privilégiant deux éléments naturels pour donner de ce voyage extrêmement riche, Gilles Fumey donne un double fil aux lecteurs et lectrices : l’eau et le feu. L’eau, c’est l’Atlantique franchi dans une corvette, l’Orénoque un des plus grands fleuves du monde encore inconnu et le Pacifique avec ses courants marins. Le feu, c’est celui des volcans faisant le lien entre les premières expériences d’Alexandre de Humboldt dans les mines allemandes et les volcans des Andes et du Mexique. L’eau et le feu permettront de révolutionner les théories sur la formation de la Terre. Grâce à Humboldt, on sait désormais que la Terre est un grand Tout et que toucher une de ses parties, c’est affecter l’ensemble. La crise actuelle ne dit pas autre chose.