La peinture en procès

C'est au 18e siècle que l'art, et en particulier la peinture, devient une affaire du public, sinon publique, et acquiert une fonction sociale. De ce temps là datent aussi nos manières d'apprécier l'art. La peinture sort des murs qui l'enclosent (Académie, salons particuliers, églises) et s'expose dans des lieux publics, ouverts à tous et gratis (cour du musée du Louvre par exemple, et salons). De cette période naissent également deux genres d'écrits, bien différents : la littérature d'art et la critique. La première s'intéresse exclusivement aux peintres et peintures du passé, lesquelles sont analysées et donnent lieu à des réflexions et commentaires relevant de l'histoire et de la théorie de la peinture. La seconde, étroitement liée à la création des salons publics, s'intéresse aux œuvres des peintres vivants exposés dans ces salons : elle se permet d'émettre un jugement sur les tableaux, pas toujours élogieux, et sur l'époque (critique du rococo). De ce temps et de cette activité, le nom de Diderot nous est resté célèbre, mais il convient de le faire précéder de celui qui a inventé le genre, le critique La Font de Saint Yenne (1747). L'ouvrage réunit un choix de textes de critiques (Marmotel, Gorsas, La Font de Saint Yenne...) reproduits intégralement et selon les éditions originales, mais après en avoir modernisé l'orthographe et les patronymes des artistes.