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Virginie S. (Libraire)

19,00
24 août 2017

Disparaître dans la ville

Certains romans se laissent difficilement contraindre ou résumer et c’est le cas de celui-là tant il est dense, multiple et foisonnant. Au point de départ, c’est l’histoire d’un amour, d’une passion qui unit Paul et Amélia. Mais il est aussi question de la difficulté à vivre, de fidélité à nos convictions, de la guerre en ex-Yougoslavie et de ses meurtrissures. Il est question encore d’architecture et des lumières dans la ville, de la ville elle-même qui protège ou dévore c’est selon, ville-ogre ou ville-matrice comme métaphore de la dureté du monde. Il est question enfin de filiation, de transmission, d’abandon et de nos solitudes extrêmes.
Jakuta Alikavazovic nous offre un roman noir, mais d’une noirceur étrange et belle, aliénante. Elle scrute nos angoisses dans un monde en pleine mutation, anxiogène. Un roman qui se mérite (un peu) et nous réjouit (beaucoup) !

24 août 2017

Envoûtante identité

Dans un village des Balkans, Manushe vit seule, travaille et jouit du respect de sa communauté.
Elle a les droits et les devoirs des hommes. En échange de cela, elle a renié son statut de femme.
Elle est ce que la coutume appelle "une Vierge Jurée", ces femmes qui pour échapper à un mariage arrangé, entre autres, choisissent de rester seules, reniant leur sexe, leur féminité, renonçant à l'amour.
Pourtant l'arrivée d'Adrian, personnage énigmatique accueilli par la communauté va semer le trouble.
Par la voix de Manushe, l'auteur raconte ces vies brisées, heurtées qui, pour exister ou vivre selon leur choix doivent se cacher, ruser, lutter sans relâche dans une société misogyne et archaïque qui stigmatise les différences.
La grande force du récit tient dans le paysage qu'a su instaurer l'auteur. Paysage de montagne perdue dans la brume qu'on gravit avec hâte et appréhension pour découvrir l'autre versant. Deux faces du récit où l'auteur nous promène et nous égare au fil des pages.
Un roman surprenant porté par une écriture qui se précise et s'élabore dans le même temps que se déploie le paysage intérieur de son héroine.

24 août 2017

Cocktail littéraire

Déjà remarqué par les lecteurs en 2015 avec "le voyage d'Octavio", Miguel Bonnefoy signe ici un second roman aux allures de conte philosophique digne des grands auteurs sud-américains. Il nous livre l'histoire de la famille Otero sur 3 générations dont le destin est lié à l'existence d'un trésor caché 300 ans plus tôt par le pirate Henry Morgan.
Dans la touffeur d'un village des Caraïbes les explorateurs vont ainsi se succéder sur la piste du trésor enfoui qui doit bouleverser et donner sens à leur vie. Si l'aventureux Severo Bracamonte trouve finalement l'amour en Serena Otero l'héritière de la plantation de canne à sucre qui tait depuis trop longtemps la violence de ses rêves, les autres ne feront que traverser ces vies où les désirs bouillonnent et consument les protagonistes. Entre R.L. Stevenson et G.Garcia Marquez, Miguel Bonnefoy a trouvé sa voix(e) à travers ce portrait suave et flamboyant d'un peuple qui poursuit ses chimères et se plie aux caprices d'un destin facétieux.
Une grande fresque romanesque et bigarrée à ne pas manquer.

15,00
14 juin 2017

Au cirque est un livre rare, inclassable, de ceux qui vous trottent dans la tête longtemps. Le sujet: une enquête policière, sorte de cluedo familial
qui fait suite à un fait divers sordide. Mais qu'importe, ici tout est dans la langue, la forme, la construction et là c'est du grand art.

L'auteur nous capte immédiatement par ses mots précis, répétés, ressassés, sa langue rythmée, chaloupée. Il nous tient en haleine par ses mises en scène déroutantes où les perspectives changent, les personnages endossant d'autres rôles que le leur afin de comprendre le drame qui s'est joué.

Fable grotesque, rhapsode rurale, théâtre burlesque, Au Cirque est tout cela à la fois. P. Da Silva nous tient serrés entre ses mots et nous laisse étourdis au sortir de ce tourbillon.

15 mai 2017

Voilà dix ans qu’Iris a subi un attentat. Meurtrie dans son corps et son âme, elle supporte le quotidien entre mari et enfant et son poste de directrice d’école qui l’accapare totalement. Mais lorsque surgit Ethan son grand amour de jeunesse, c’est tout cet équilibre précaire qui est mis à mal.

Zeruya Shalev signe ici l’un de ses plus beaux romans. Elle nous questionne sur le passé, son poids, sa possible réinvention mais aussi sur les périls d’une vie faite de non-dits et d’incompréhensions.

Un roman bouleversant posé comme un miroir à nos propres questionnements.