Adone Sterli
Dans ce thriller psychologique, Serena, une mère célibataire peu maternelle, voit son existence basculer lorsque sa fille Aurora disparaît dans un incendie d’une colonie de vacances. Dès lors, Serena se révèle une enquêtrice redoutable, déterminée à découvrir la vérité.
Donato Carrisi excelle à maintenir une tension constante sans céder à la facilité. Le suspense, entretenu par une intrigue efficace et une analyse introspective des personnages, tient le lecteur en haleine dans un tourbillon d’incertitudes et de fausses pistes, jusqu’au dénouement surprenant.
Son écriture, bien que parfois alourdie par quelques dialogues superflus et redites, aborde des sujets sérieux tout en cultivant une ambiance oppressante.
Le roman devient vite addictif, une marque de fabrique de l’auteur…
La porte rouge
Issue d’une lignée de femmes marquée par une étrange malédiction, June Farrow décide de briser ce cycle mystérieux en explorant un passage vers le Temps, juste après la mort de sa grand-mère.
Le roman nous plonge alors dans un univers où le destin et les maléfices se mêlent inextricablement, où les personnages, authentiques et élaborés, portent chacun leurs secrets, enrichissant une intrigue solidement construite.
L’ajout subtil de l’élément fantastique confère une dimension supplémentaire au récit.
La prose poétique de A. Young navigue entre deux mondes aux histoires entrelacées. Malgré cet imbroglio temporel, la résolution finale est à la hauteur des attentes, offrant une conclusion qui justifie pleinement le voyage captivant à travers « La porte rouge ».
« Les femmes Farrow avaient beau être différentes les unes des autres, leur histoire se terminait toujours de la même façon. »
« J’étais piégée dans le musée d’une autre vie »
Le dollar de Jodie
Dans son premier roman, Fabrice Melquiot nous entraîne dans un récit émouvant où l’Amérique des années 60-70 devient le décor d’une quête identitaire. Jodie, actrice en dérive à Portland, apprend sur le lit de mort de son père adoptif des révélations sur ses origines.
D’une écriture délicate, poétique et incisive, l’auteur dévoile les failles d’un passé familial et capture les variations psychologiques de la jeune femme mêlant nostalgie, désillusion et hésitations.
Ce roman, imprégné de l’héritage culturel américain, ponctué de références littéraires et musicales, offre une captivante réflexion sur les liens familiaux. Les personnages, finement dessinés, se confrontent à travers des dialogues savoureux.
La vérité saura-t-elle alléger le fardeau des mensonges ?
« Je ne sais pas qu’on pouvait faire un enfant et lui dire un jour : Je serai un peu moins ta mère, ma puce, tu vas t’y faire. »
« Moins on se connaît, mieux on se porte «
« Il ne m’a laissé aucune chance. Je lui volais sa vie. Je gâchais la fête. »
Un jour, je deviendrai un train
Olive raconte les dix premières années de sa vie, indissociable de son frère jumeau David, partageant sa folie et le protégeant comme une alliée, une moitié ; prête à tout pour le sauver du chagrin d’être déconsidéré par une famille dépassée par la violence et l’incompréhension. Ensemble, ils forment fratrie de connivence et complémentaire, ignorant le danger.
Le récit, dès les premières pages, est émouvant à la lecture de ces souvenirs et anecdotes, de ces étapes les menant inexorablement vers une séparation douloureuse.
L’écriture limpide, à la délicatesse et la poésie omniprésentes, est tissée de belles transitions et métaphores, enchaînant les courts chapitres comme autant de pièces d’un puzzle, construisant peu à peu un crescendo émotionnel implacable.
Ce livre est un véritable compresseur émotionnel hypnotique pour le lecteur.
Un bouleversant coup de cœur de la rentrée littéraire, qui capture magnifiquement l’amour, la différence et la complexité des relations familiales.
« Rien pour mon frère n’a jamais dégénéré ; tout n’a fait que continuer à se générer… »
« Ce que j’aimais le plus chez mon grand-père de plage, à part les plis sur son ventre et les taches sur sa peau, c’étaient les sagesses qu’il lançait d’une voix enrouée quand il sortait de son mutisme. »
« Longtemps j’ai pensé que la bâtisse du Sud, après notre départ, avait dû souffrir des ecchymoses de notre passé. »
« Je craignais qu’à force de se cogner contre les parois du monde, il ne se brise en mille morceaux. »
Monologue amoureux
Ce roman raconte les confessions d’une concierge discrète qui nourrit un amour inconditionnel pour un enseignant. Pendant quarante ans, altruiste et dévouée, elle vit une passion silencieuse et platonique, observant pas à pas son bien-aimé.
Prisonnière de ses sentiments, béate d’admiration et animée par ses convictions, elle laisse libre court à ses fantasmes chastes, dévouée à améliorer le quotidien d’un être indifférent.
Ce récit explore la frontière entre fiction et réalité, où l’héroïne, incapable d’exprimer son amour, comble sa solitude en se consumant dans une dévotion quasi mystique. Elle se comporte comme un ange gardien obsédé et impulsif, atteignant tantôt l’absurdité, tantôt à la limite de l’imprudence. Cette aventure ne la mène nulle part mais la contente.
Le roman est à la fois subtil et addictif, abordant la résignation, l’espoir et l’obsession d’un amour inflexible et non consommé. Il offre une réflexion fascinante sur la puissance d’un amour non réciproque et la rédemption par la fiction, qui semble parfois plus réelle que la réalité elle-même.
L’écriture soignée de Marco Lodoli donne vie à un texte d’une candeur bouleversante, captivant et unique.
« Plus la distance est grande, plus l’amour doit être fort pour remplir tous ces kilomètres vides »
« …Nous sommes deux fantômes sans corps et sans maison, une éventualité qui reste suspendue dans le champ des possibles inassouvis… »
« Matteo est resté silencieux, mais on pouvait presque entendre le choc des pensées qui s’abîmaient en lui. »