Roman trash et novateur. Gérard Mordillat pose le décor avec cette tour Magister, reflet d'une riche entreprise basée à la Défense où chaque personnage occupe un étage selon son statut hiérarchique. Tandis que le PDG siège au sommet de cet édifice, les plus démunis squattent les sous-sols, s'organisant tant bien que mal pour leur survie. Chaque personnage recèle ses secrets. Certains subiront une déchéance, d'autres prendront leur revanche.
Employant un ton burlesque, l'auteur dénonce la dureté d'une société hiérarchisée et la cruauté humaine, où l'argent et le pouvoir règnent en maître. C'est cru, ça se dévore et on prend une véritable claque.

Quel plaisir de retrouver l'univers drôle, cru et décalé d'Edgar Hilsenrath !
A travers le récit du jeune Ruben Jablonski, c'est probablement sa propre histoire qu'il nous relate. A la sortie de la Seconde Guerre Mondiale, Ruben Jablonski décide de revenir sur son passé, nous contant son enfance passée en Allemagne puis en Roumanie jusqu'à ce qu'en 1941 il soit déporté avec sa famille dans un ghetto en Ukraine. Commence alors des années de survie. Finalement rescapé de la Shoah, il entreprend un voyage en Palestine.
Avec beaucoup de verve et d'allant, notre héros réussit à apporter de la joie et de la bonne humeur au récit, malgré les difficultés et les tragédies rencontrées. C'est un personnage attachant, optimiste, passionnée de femmes et d'écriture.
Hilsenrath manie le cynisme avec brio, nous offrant à travers cet ouvrage un délice de lecture, intelligent et amusant.

A travers le portrait de Sonja devenue passeuse de cocaïne sous la contrainte, Lilja Sigurdardottir signe ici un roman noir qui dénonce une société islandaise corrompue et victime du krach financier.
On s'attache à notre héroïne, qui bien qu'elle soit douée et maligne pour passer sa drogue, est fragilisée et sous le joug d'hommes dangereux, qui lui laissent peu d'alternatives. La croisant régulièrement à l'aéroport Bragi, un vieux douanier va commencer à la soupçonner.
Ce récit est construit intelligemment, bien écrit, dur et intransigeant, explorant à la fois les failles et la cruauté humaine.
Belle découverte, on attend le tome 2 avec impatience !

Un policier est assassiné alors qu'il semblait surveiller une maison abandonnée. En menant l'enquête le jeune Ari Thor va découvrir qu'au fin fond de ce village du Nord de l'Islande, chaque habitant cache ses secrets.
Jonasson signe ici un véritable huis clos à l'islandaise. Tel Agatha Christie, il renoue avec une forme de policier traditionnel, à l'atmosphère imprégnée des vents glacés islandais.
Le journal intime d'un jeune homme, hospitalisé en psychiatrie des années auparavant, ponctue l'histoire, apportant du poids au récit, de la noirceur et davantage de mystère.
Très bon moment de lecture, voici un nouvel auteur islandais qui gagne à être connu.

Comment des hommes et des femmes peuvent-ils passer près du corps d'une jeune femme morte sans presque s'y arrêter ni décider de prévenir la police ? Tel est le sujet de ce roman italien, plein de malice, qui à travers la découverte de ce cadavre explore une société aux différentes facettes.
On y rencontrera des personnes instables, fragiles, parfois meurtries. L'auteur dénonce l'égoïsme, la peur et une certaine lâcheté. Avec une pointe d'humour qui frôle le cynisme, Mogliasso campe des personnages d'âge, de sexe et d'origines différentes mais qui tous nous inspirent plus d'antipathie que de compassion. Désireux de ne point bouleverser leur petit confort, ils préféreront ignorer cette femme morte plutôt que de signaler son corps aux autorités.
Roman court mais malin et extrêmement efficace.