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    25 novembre 2012

    Aymard de Foucauld voit le jour en 1824 dans une famille où les hommes sont militaires de père en fils. « Faire d’Aymard un officier de l’armée française et qu’il devienne ainsi le digne successeur de son père, de ses oncles, des Foucauld d’antan… Voilà bien une idée qui mériterait de faire son chemin. » (p. 67) Il entre à Saint-Cyr en 1843 et en ressort sous-lieutenant avant d’intégrer le 9° régiment de Hussards à Saumur. Le voilà enfin officier de cavalerie. Mais au sortir de l’école, les premiers temps de la vie militaire sont peu glorieux : l’officier Aymard passe plus de temps le balai à la main à nettoyer les litières que le sabre au clair à charger l’ennemi.

    En 1852, voilà le Second Empire. On suit Aymard de Foucauld de régiment en garnison, jusqu’au 6° Hussards et enfin au 2° régiment de Chasseurs d’Afrique. L’officier quitte alors les verts bords de Loire pour les étendues sableuses d’Algérie. Ce choix d’affectation ne résulte pas d’un désir d’exotisme, mais plutôt d’une nécessité de réduire ses dépenses. « Aymard avoue à sa sœur son impécuniosité. Pourtant, le fait d’être éloigné des tentations d’un centre urbain et de l’obligation d’assurer une position mondaine limite ses dépenses et pourrait être de nature à lui permettre de se refaire. » (p. 172) Mais puisqu’il appartient désormais aux Chasseurs d’Afrique, il doit se plier aux ordres de mission.

    Son régiment est envoyé en Italie et c’est enfin là qu’il peut prouver sa valeur. « Aymard tire de ces courtes semaines sur le sol italien la satisfaction d’avoir enfin connu l’épreuve du feu. » (p. 233) Ensuite, c’est la campagne du Maroc où le 2° RCA est pris entre le désert et le choléra. Enfin, le destin d’Aymard est scellé quand il embarque pour le Mexique. « Aymard ne manque pas de mentionner qu’il commande la cavalerie, certes modeste, présente au Mexique. » (p. 312) L’intervention militaire française au Mexique est un désastre et sera fatale à notre officier de cavalerie.

    Mazette, qu’il est difficile de résumer cette biographie ! Et pourquoi le faire, d’ailleurs ! Emmanuel Dufour a réalisé un travail colossal et livre un texte dense et riche, mais d’une clarté étonnante. Jamais on ne se perd dans les multiples déplacements d’Aymard. Le texte est habilement découpé en parties dont les titres, en plus d’être explicites, sont de belles trouvailles, comme « De « bel ami » à « bel Aymard » ou mots passants par Maupassant » (p. 144) N’hésitez pas à lire les notes de fin de chapitre : elles forment un appareil historique passionnant !

    La biographie s’agrémente d’extraits de la correspondance personnelle d’Aymard de Foucauld, à sa mère ou sa sœur, mais aussi d’extraits des journaux de marche et des opérations. Ce sont des documents militaires que l’on rarement l’habitude de lire et c’est un plaisir de découvrir la vie militaire et le quotidien des régiments. On suit de l’intérieur la colonisation algérienne et l’expédition mexicaine. Partout où il va, Aymard observe et commente. Il se fait un peu géologue et un peu ethnologue, toujours curieux et un rien primesautier.

    Aux éditions de La Louve, on aime les grands hommes, ceux qui ont du panache et de l’aplomb. Après Gaston de Lévis et Frédéric Guillaume de Vaudoncourt, Aymard de Foucauld est mon nouveau chouchou. Il faut dire que l’uniforme me fait fondre… mais pour un gars de cette trempe, je m’engage quand vous voulez !