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La petite-fille

Bernhard Schlink

Gallimard

  • Conseillé par (Libraire)
    24 mars 2023

    Un grand roman sur l'Allemagne

    « La petite-fille » : le titre semble annoncer un roman familial où il serait question d’apprentissage, de transmission, d'amour entre deux générations. Mais Bernhard Schlink déjoue nos attentes et c'est un « grand roman sur l’Allemagne » qu'il nous offre, comme l'était déjà « Le liseur », qui l'a fait connaître.
    Roman familial il y a bien, dans les premiers chapitres : celui écrit (c'est une des très belles idées du livre) par Birgit, la femme brutalement disparue de Kaspar, libraire berlinois. Dans des notes qu'elles a laissées, Kaspar découvre que Birgit, qui a fui l'Allemagne de l'Est pour le rejoindre, au milieu des années soixante, avait abandonné à la naissance un enfant, une fille, élevée par des parents adoptifs. Kaspar part à le recherche de cette « belle-fille », dans cette Allemagne de l'Est qu'il ne connait pas. Il la retrouve, elle s'appelle Svenja. Elle vit dans une communauté rurale « Völkisch », qui voue un culte à une Allemagne idéalisée, enracinée dans la terre et les traditions, et entretient la nostalgie du Troisième Reich. Autrement dit néo-nazie.
    Svenja a une fille adolescente, Sigrun, la petite-fille de Kaspar donc (il faudrait dire la « belle petite fille », mais le mot n'existe pas en français), que Kaspar commence à accueillir chez lui à Berlin le temps des vacances scolaires. Le raccourci narratif peut surprendre, mais peu importe, car ce n'est pas ce qui intéresse Schlink. Ce qui l'intéresse c'est la longue réflexion sur l'histoire de l'Allemagne contemporaine qu'il peut ainsi mener à travers le dialogue impossible, malgré leur attachement naissant, entre Sigrun et Kaspar. Chacun incarne des idées (en allant vite : humanisme et universalisme pour Kaspar, négationnisme et racisme pour Sigrun) mais aussi une part d'héritage de l'histoire allemande : Kaspar est « de l'Ouest », Sigrun, Svenja, Birgit, sont de l'Est. Les Allemands de l'Est ont vécu la réunification comme un drame qui les a laissés orphelins d'un pays qu'ils ont aimé, et se sentent humiliés par l'arrogance des Allemands l'Ouest. Pour Schlink le néo-nazisme prend ses racines, aussi, dans cette amertume et ce désarroi des Allemands de l'est.
    Une autre très belle idée du roman est de faire se rapprocher malgré tout le grand-père et la petite-fille à travers un même amour de la musique. Sigrun se révèle une pianiste douée et découvre en écoutant les disques de Kaspar que la beauté d'une musique n'a rien à voir avec la nationalité de celui qui l'a composée. C'est du reste la musique qui lui permettra de conquérir sa liberté, au delà d'autres choix impossibles pour elle.
    Un plaisir qui peut s'ajouter à celui de la lecture est d'écouter, au fil de celle-ci, quelques unes des nombreuses œuvres musicales évoquées...Par exemple, les variations de la Sonate en sol majeur n° 11 de Mozart, par le grand Daniel Barenboim...

    https://www.youtube.com/watch?v=FZ1mj9IaczQ&list=RDFZ1mj9IaczQ&index=1

    Jean-Luc


  • Conseillé par
    4 mai 2023

    Allemagne

    À partir de ce moment, j’ai découvert les communautés völkisch : des communautés souvent de paysans qui vivent à l’heure du culte teuton.

    La fille de Svenja, Sigrun, a 14 ans et est fière d’avoir pour héros Rudolf Hess, Irma Grese ou encore Frederike Krüger.

    J’ai aimé la façon dont Kaspar prend soin de sa petite-fille par alliance : il ne brusque pas les parents, mais la prend chez lui pendant les vacances, lui fait découvrir la musique, et Sigrun se révèle douée pour le piano.

    Kaspar étant libraire, Sigrun va découvrir peu à peu une autre littérature, par elle-même.

    J’ai aimé apprendre que la RDA s’étendait des monts Métallifères aux plages de la Baltique.

    Un roman sur une certaine Allemagne qui ne veut pas baisser la tête devant les vainqueurs et inculque à ses enfants le culte du combat. Ce qui va poser problème à Sigrun.

    L’image que je retiendrai :

    Celle de l’amie d’enfance de Birgit, Paula, qui lui envoie des cartes postale de RDA représentant des tableaux. Le premier, La belle chocolatière de Liotard, pose question à Kaspar.