Pour suivre notre actualité, les rencontres d'auteurs, les ateliers, les coups de coeur... abonnez-vous à la newsletter de La Grande Ourse !

 

À la table des hommes

Sylvie Germain

Albin Michel

  • Conseillé par (Libraire)
    4 février 2016

    Un voyage à partir des affects

    33 ème roman ou essai de Sylvie Germain dont l'oeuvre originale propose un voyage à partir des affects plutôt que du savoir ou du discours, une éthique pour notre temps à l'abri des deux écueils du moment: un progressisme naïf ou une réaction bête et méchante.
    "L'odeur du sang est la même chez tous les animaux, humains compris" (p42) constate le porcelet, héros sensible de la première partie du roman, loin des revendications des éleveurs réclamant une hausse du prix du kg au marché de Plourin.
    Ne sachant plus s'il s'agit encore du même cochon, plus tout à fait sans doute, ou déjà d'un humain : "Il avance dans un monde soudain frappé d'une extrême étrangeté" (p57). Etrangeté de l'animal au milieu de l'hostilité humaine, étrangeté de l'homme au milieu de la cruauté de ses semblables.
    Nul abandon aux sirènes du nihilisme ou de la critique en boucle sur elle-même, une oeuvre de résistance construite sur les traces laissées par la sauvagerie, expérience de la déprise de soi qui ouvre sur l'accueil.


  • Conseillé par (Libraire)
    25 juillet 2016

    Sous des faux airs de fable, à travers une écriture intense et poétique, Sylvie Germain nous livre un roman d'apprentissage d'une grande beauté et d'une grande justesse.
    Dewi


  • Conseillé par
    17 avril 2016

    un peu d'humanité

    Quelle idée de commencer un roman avec pour personnage principal un cochon ? Je craignais un peu cette entrée en matière, mais heureusement, cela ne dure pas, le cochon se transformant vite en homme (cet aspect quelque peu fantastique du roman m’a étonné, mais après tout, pourquoi pas).

    Ce point de départ explique que le personnage principal, Babel, perçoive le monde en couleurs et en senteurs. Un roman très olfactif et colorés, donc.

    Mais là où l’auteure m’a conquise, c’est en utilisant un vocabulaire très précis, un langage soutenu pour nous parler des bassesses des hommes. Sa langue nous projette littéralement dans les hautes sphères pour nous raconter combien les hommes sont terre à terre et violents.

    J’ai aimé le passage sur le Prix Nobel Piotr Kapitsa qui a fait le calcul du lieu de résidence de Dieu, soit à environ neuf années-lumières de la Terre.

    Il est également fait référence aux portraits du Fayoum, comme dans le roman-fleuve de Mathias Enard.

    Une auteure à part dans les lettres françaises.

    L’image que je retiendrai :

    Celle de la corneille se perchant sur les épaules de Babel, compagnon fidèle avec qui il communique.

    Une citation :

    « Et il a raconté la façon dont le physicien avait procédé pour évaluer la distance à laquelle ledit Dieu avait planté son trône céleste. Kapista s’était basé sur le lancement de prières émises en 1905, vers la fin de la guerre russo-japonaise, par des popes pleins de ferveur patriotique et leurs ouailles les plus dévotes. Dans leur appel, ils adjuraient Dieu de châtier leurs ennemis. La réponse était arrivée dix-huit ans plus tard, en 1943, sous la forme d’un violent séisme qui avait frappé une partie de l’île centrale du Japon(…). Les prières voyageant certainement comme les photons à la vitesse de la lumière dans le vide intersidéral, soit 300 000 kilomètres à la seconde, et l’accusé de réception de la part de Dieu idem, Kapista avait pu ainsi élaboré son calcul. » (p.194)

    http://alexmotamots.fr/?p=1783