Conseils de lecture
Quand le diable sortit de la salle de bain
Roman improvisé, interruptif et pas sérieux
De Sophie Divry
Les Éditions Noir sur Blanc
Un regard juste et ironique
Décidément, Sophie Divry apporte un regard juste et plein d'ironie sur notre société actuelle. Après la condition pavillonnaire, son dernier roman s'attache à la vie d'une chômeuse de longue durée qui invente et bricole pour survivre. Ce livre est drôle et décalé, avec un beau travail graphique.
1944, Klaus Hirschkuh vingt-trois ans rentre à Leipzig. Il vient de passer quatre années à Buchenwald. La raison ? Son homosexualité. Ses parents ne l’attendaient plus et ils découvrent un jeune homme amaigri, un fantôme vivant hanté par ce qu’il a vécu. Pas de questions sur ces quatre années, pas de gestes d’amour envers ce fils. Table rase de ce passé. Pourtant Klaus ne peut pas oublier la violence, la maltraitance, les injures, l’humiliation et les morts. Tout ou presque le ramène là-bas. Mais il doit survivre. Après avoir décroché un travail chez un tailleur, il fait la connaissance de René, un Français qui n’a pas voulu renter à Paris retrouver sa femme. Pas tout de suite. Lui aussi à ses blessures béantes. Mais les deux amis vont partir en France : "La plupart des voies ferrées série allemande présentaient un aspect désastreux. On partait demain. Klaus serait-il assez robuste pour le bonheur ?".
Est-il possible de renaître dans un nouveau pays ? Et l’on suit Klaus au fil du temps qui passe.
Se donner le droit à nouveau d’aimer, des amants à son grand amour Julien malgré l’homophobie galopante. Il faudra des années à Klaus pour s’ouvrir à Julien, pour raconter Buchenwald.
Un texte bouleversant et nécessaire. L’écriture de Daniel Arsand est tout simplement sublime. Un feu d'artifice alliant poésie, sensibilité et avec des phrases qui nous transpercent pour décrire la douleur, l’horreur.
Un roman pour la liberté, pour le droit d’aimer et pour ne pas oublier.
Road-movie à la russe
Sylvain Tesson nous embarque dans une chevauchée fantastique au pays des ex soviets sur les traces de l'armée napoléonienne. C'est un road-movie à la russe, un cocktail de givre et de glace, d'ironie, d'érudition et de camaraderie. Il lance un défi à la morosité et plonge le lecteur plein gaz dans une méditation caustique sur l'Europe, la guerre,... la vie !
Si Amy veut sortir de cette piscine vide au fond de laquelle elle est séquestrée, il faudra qu'elle tue Sam, son petit ami. Sauf si Sam la tue avant, bien sûr. Voilà le jeu sordide auquel se livre un tueur particulièrement pervers dans le comté du Hampshire. Tueur qui donnera bien du fil à retordre au commandant Helen Grace, pourtant familière des pires noirceurs de la nature humaine. Un thriller haletant, déroutant, au suspens totalement maîtrisé, qui fait de M J Arlidge un auteur à suivre de très près.
Une excellente entrée dans l'univers germanien
« Ta mère a perdu sa tête ! Sa tête a disparu, disparu ! Et toi, va-t-en au diable ! »
Au commencement était un jour d’orage, où le père de Tobie, cinq ans, envoie son fils au diable après avoir trouvé le corps de sa mère à cheval, sans tête.
Chassé par le vent du malheur, c'est par les détours du merveilleux que Tobie parviendra à la délivrance.
Et le merveilleux chez Sylvie Germain est d'une absolue discrétion.
Oeuvre centrale, une excellente entrée dans l'univers germanien.