Pour suivre notre actualité, les rencontres d'auteurs, les ateliers, les coups de coeur... abonnez-vous à la newsletter de La Grande Ourse !

 

Conseils de lecture

18,95
Conseillé par (Libraire)
28 janvier 2020

Un guitariste incandescent

« Main de feu » le titre de la Bd dit tout. Main de feu c’est la main de Django qui dès le plus jeune âge décide de devenir un grand musicien et s’exerce jusqu’à épuisement au banjo d’abord. Main de feu c’est aussi la main brûlée dans l’incendie de sa caravane, pour laquelle il craint l’amputation et qui l’amènera à jouer de la guitare avec une position particulière sur l’instrument. Main de feu c’est enfin le tempérament de cet adolescent manouche, rebelle, qui refuse d’apprendre à lire et à écrire préférant répéter des heures et des heures des gammes ou séduire les filles. Il est hors norme ce jeune homme né selon le scénario de la BD une première fois au cours de l’hiver 1910 dans un camp en belgique pour renaître une seconde fois à l’automne 1928 à St Ouen après cet incendie.
La BD d’Efa et Rubio s’attarde sur les années des débuts, ces années où le jeune homme superbement doué et conscient de son talent cherche tout simplement à devenir le meilleur de Paris, de France mais, plus sûrement, du monde. On le comprend de suite, Django n’est pas un modèle de modestie, faisant le vide autour de lui à l’exception de son frère Joseph dit Nin-Nin, en adoration devant l’ainé et qui accepta tout. Ce parti pris démontre la force de caractère nécessaire à la réussite. Cette obstination est le fil conducteur de cet album parfaitement documenté, et dont la narration est complétée par un superbe cahier de 16 pages en fin d’album agrémenté de beaux portraits photographiques.
Les chansons rythment les pages comme une ritournelle, en toile de fond, qui accompagne les bons et moins bons moments d’une vie collective dans ses roulottes et caravanes de la « Zone » en périphérie de Paris, où la solidarité n’est pas qu’un mot. .
Le dessin donne la part belle à cette vie collective d’où Django, tout en respectant ses codes et ses valeurs, cherche à s’extraire. Avec Django on ne doute pas et le jeune musicien va réussir, non pas comme il l’espérait mais comme il l’annonçait. S’attaquant au bal musette, au « jass », il va donner à ces styles musicaux une note personnelle, côtoyant les plus grands, Stéphane Grappelli, Duke Ellington, Amstrong, Dizzy Gillepsie et tant d’autres.

Instructif, allant à l’essentiel, ce biopic de facture classique rend un hommage justifié à cet homme incandescent, amoureux de la vie, de la musique, du jeu qui ne pouvait guère se consumer lentement. Django Reinhardt mourut le 16 mai 1953 à Sannois. Il avait 43 ans.

Eric


16,00
Conseillé par (Libraire)
28 janvier 2020

Et si c'était vrai

Un roman glaçant sur l'absence et l'obsession d'une mère à faire revivre une enfant disparue.
Claire Castillon dissèque à merveille les émotions et le processus de folie qui peut s'emparer de ceux qui ont perdu un être cher et dont la douleur ne trouve pas d'issue.

Mila.


21,50
Conseillé par
22 janvier 2020

Un pull en laine pour attendre le printemps

Une jeune femme islandaise dans les années 60. Son nom est un volcan. Elle n'aspire qu'à la liberté et à la beauté. Écrire, toucher la peau d'un homme, et sentir la lumière sur les choses. Joli portrait non conventionnel d'une femme libre et d'une artiste, avec la rudesse délicate de l'auteur de "Rosa Candida".

Anne-Marie


23,00
Conseillé par (Libraire)
21 janvier 2020

Nuit blanche assurée

De magnifiques descriptions de la forêt, de la nature et des animaux.
Un suspens qui vous tient jusqu'aux dernières pages…
Le seul souci avec ce très bon roman noir, c'est que vous risquez la nuit blanche !

Vanessa


10,30
Conseillé par (Libraire)
20 janvier 2020

Implacable et indispensable

La lecture de « Sodoma » vous laisse pantois et groggy car l’enquête menée pendant 4 ans par le journaliste, sociologue, Frédéric Martel est implacable et incontestable. Le titre est explicite: l’enquête démontre la place exorbitante qu’occupe l’homosexualité au sein de l’Eglise catholique. Ce qui n’est après tout qu’une exception sociologique n’est pas en soi un problème. L’anomalie réside dans le fait que cette homosexualité est niée et combattue farouchement par l’Eglise, même très violemment, dans une hypocrisie incommensurable. L’auteur énumère au long de son ouvrage quatorze règles de « Sodoma » dont une qui domine sur toutes les autres: plus un membre de la hiérarchie catholique est actif dans sa pratique homosexuelle, plus il est publiquement homophobe.
A partir de ce constat majeur, la politique vaticane depuis Paul VI, prend tout son sens. Sans donnée statistique scientifique, reviennent souvent les pourcentages de 50% d’homosexuels chez les prêtres et de 75% dans la hiérarchie. C’est que pour se hisser aux fonctions supérieures il faut faire partie du sérail et bénéficier d’appuis où l’affectif et la pratique sexuelle jouent un rôle primordial. L’auteur démontre comment dans les années cinquante, en Italie notamment, le sort le plus enviable pour un jeune qui se découvre homosexuel est de rentrer dans l’Eglise. De moqué à réprouvé, l’adolescent devient respecté, protégé. Commence alors un double jeu imposé par une institution qui nie contre toute réalité, la naissance et l’existence d’une libido qui s’impose à tous.

Les prêtres, pour leur immense majorité, vont vivre ainsi dans un conflit permanent, conflit qui est exacerbé au maximum avec Benoit XVI, le pape le plus anti homosexuel de tous les papes modernes, pour qui Frédéric Martel démontre le conflit intérieur qui l’habite, et dont il sort probablement vainqueur selon ses propres critères, faisant triompher « l’amour amitié » sur un amour actif sexuellement. Une victoire intérieure personnelle mais un désastre pour l’institution qu’il dirige.

Cette homophobie interne écrase tout et monopolise l’action vaticane. Elle est avec l’anti communisme cher plus particulièrement à Jean Paul II, la ligne directrice du Vatican depuis Paul VI. On découvre alors avec effarement, et des exemples mondiaux à l’appui, comment la hiérarchie catholique s’acoquine avec des dictateurs d’extrême droite et lutte jusqu’à la nausée contre l’homosexualité perçue comme plus grave que la pédophilie ou l’hétérosexualité qui n’importent aux papes que si leur révélation devient publique.

Pris dans leur système de pensée ces hommes qui dirigent le Vatican, vivent dans une schizophrénie poussée jusqu’à la caricature. Leurs exigences vestimentaires extravagantes, leurs portraits omniprésents dans leurs palais, les cérémonies grandioses mises en place pour nommer un collaborateur particulier, sont les manifestations les plus légères de comportements qui peuvent atteindre des sommets de perversité et de gravité. Les portraits des cardinaux Lopez Trujillo, Marcial Maciel, protégés et même parfois vénérés par les papes, sont terrifiants. Le refus du préservatif est un autre marqueur de cette violence. Pédophilie, prostitution, sont les conséquences d’une sexualité bridée et niée.

Au fur et à mesure de la démonstration, l’éloignement de l’Eglise catholique des réalités de notre monde s’explique. Tous les combats à contre courant menés par trois papes successifs, sont perdus d’avance. Alors que les ordinations de prêtres n’ont jamais été aussi faibles, l’auteur athée, accorde une volonté réformatrice réelle au pape François, conscient des travers immenses du gouvernement qu’il dirige. Là est la force de l’ouvrage qui ne tombe jamais dans la caricature ou l’inquisition. On peut même trouver dans des pages de la bienveillance et des tentatives de compréhension d’hommes perdus entre leur idéal de vie et de chasteté et la réalité de leurs pulsions, la réalité de la vie.

L’enquête délivre finalement pour les croyants, un espoir qui peut amener à remettre en cause le célibat des prêtres (exigence formulée au XI ème siècle sans fondement textuel), à accepter la reconnaissance des exigences sexuelles individuelles. François aura t’il suffisamment de force et de pouvoir pour remettre en cause cette politique en place jusqu’à l’aveuglement depuis plus de 60 ans? La survie de l’Eglise catholique dépend probablement de la réponse qui sera donnée à cette question.

Eric