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Conseils de lecture

11,70
Conseillé par (Libraire)
20 avril 2019

Un coup de maître !

Coup d'essai, coup de maître. Nathan Hill, jeune auteur américain (il est né en 1975) livre ici un premier roman magistral, un vrai grand (et gros) roman comme seuls les Américains savent les écrire, dans la lignée d'un Jonathan Franzen ou d'un Russell Banks.
Le héros, Samuel, enseignant de littérature dans une petite université, et écrivain en panne d'inspiration, se voit contraint par son éditeur, auprès de qui il est engagé par un contrat, d'écrire la biographie de « Calamity Paker », une vielle dame poursuivie pour terrorisme au prétexte qu'elle a jeté une poignée de gravier sur un futur candidat à la présidence. Il se trouve que Calamity Paker, qui se prénomme en réalité Faye, est la mère de Samuel, qu'elle a abandonné quand il était enfant, pour vivre une vie de femme libre. Les images de l' « attentat », inventé de toute pièce pour booster la campagne du candidat tournent en boucle sur les télévisions et les réseaux sociaux, une étudiante au bras long fait exclure son professeur parce qu'il l'accuse (à juste titre) d'avoir fraudé, un ex-militant d'extrême gauche vend ses services d'avocat à un politicien d'extrême droite : Les fantômes du vieux pays est un portrait au vitriol d'une Amérique malade. C'est aussi un récit foisonnant, qui emboîte les époques, multiplie les personnages (celui de Pwnage, un « geek » que la pratique compulsive du jeu vidéo finit par rendre fou, est particulièrement savoureux), nous emmène d'un bout à l'autre des l'Amérique (les bords du Mississippi, Chicago, New York, et jusqu'à Hammerfest, « la ville la plus au nord du monde », en Norvège), et varie avec virtuosité les genres (une partie du roman, celle qui raconte la rencontre de Samuel et de son amour d'adolescent, Bethany, est écrite sous la forme d'un « roman dont vous êtes le héros » ; une autre partie nous plonge au coeur les émeutes étudiantes de Chicago, en 1968, façon reportage de guerre). C'est enfin une histoire qui parle à chacun d'entre nous, au fond de qui sommeille un « vieux pays » qu'il nous faut regagner pour échapper à la folie, ou à la tristesse, ou à la bêtise du présent. Pour Faye, la mère, ce sera le pays de son père, la Norvège qu'il a fuie quand les Allemands l'ont envahie, et dont il a gardé la nostalgie toute sa vie, dans une Amérique où il n'a pas été heureux. Pour Nathan ce sera l'amour de Bethany, qu'il n'a jamais oubliée, et dont il découvrira à la fin du livre, qu'elle non plus ne l'a pas oublié.


19,00
Conseillé par (Libraire)
18 avril 2019

Et au milieu coule une rivière

Deux bonnes nouvelles ! Le retour de Ron Rash et la renaissance de la mythique collection "La Noire" chez Gallimard.

Un silence brutal est un roman sombre et mélancolique. L'histoire se déroule dans un coin des Appalaches, et c'est toujours avec cet auteur, de magnifiques descriptions de la nature, des montagnes et de la rivière... C'est aussi un roman très actuel qui aborde à la fois la crise sociale et écologique. Un récit à deux voix avec un shérif proche de la retraite et Becky, la directrice engagée du parc.
Politique. Poétique.

Vanessa


Poèmes choisis, 1965-2010

J'ai Lu

8,90
Conseillé par
13 avril 2019

Certains jours la rivière est incompréhensible

Jim Harrison nous est surtout connu comme romancier, mais il n'a cessé d'écrire et de publier des poèmes. Ce recueil est un choix judicieux de poèmes publiés entre 1965 et 2010, un bel aperçu de sa voix inimitable, pleine d'autodérision et de gravité. Jim Harrison se coule dans des formes variées, comme une rivière suit son cours : haïkus (à la sauce Harrison!), suites de notations au fil de l'eau, poèmes en prose, portraits, souvenirs, dialogues ... Poésie zen, parce qu'il pratique cet art à sa manière depuis longtemps, non comme une religion mais comme une certaine façon de regarder le monde : "Cela me semblait pour moi la meilleure manière d'aller au cœur des choses". Les lynx, les corneilles, les cougars et les rivières lui sont à la fois très familiers et toujours autres. "Nous sommes ici pour être curieux et non consolés", dit-il dans le long et merveilleux poème "La fenêtre d'or".
Curiosité, avidité de voir, de toucher, de saisir et de goûter ce monde :
"Je crois à d'abrupts à-pics, à l'orage sur le lac
en 1949, aux vents glacés, aux piscines vides,
au sentier invisible menant à la rivière, à l'ail frais,
aux pneus usés, aux bars, aux saloons, aux tavernes,
aux litrons de vin rouge, aux fermes abandonnées ...
aux filles qui n'ont pas viré complètement barjot ..."


Conseillé par
12 avril 2019

Soyons irréalistes et déraisonnables, demandons l'impossible !

En 10 chapitres très documentés et pleins d'humour, R. Bregman montre combien de belles utopies (la fin de la pauvreté, le travail choisi, l'ouverture des frontières ...) sont vraiment envisageables pour demain. Elles ont d'ailleurs fait l'objet d'expérimentations que retrace minutieusement Bregman.
Après tout, l'émancipation des esclaves et le vote des femmes n'étaient-ils pas aussi des utopies?
Coup de cœur de Frédéric


8,00
Conseillé par
12 avril 2019

Entre La Fontaine et la planète des singes

Magie de la SF! Imaginons une terre future, où l'homme a laissé place aux chiens. Ceux-ci ont leurs légendes, des récits qu'ils se transmettent, où l'Homme est plutôt menaçant. Qu'importe, puisque les chiens sont des doux et sensibles, d'une grande hauteur morale. De quoi nous faire réfléchir sur nous-mêmes, pauvres bipèdes...
Bien sûr, depuis La Fontaine (et ses inspirateurs de l'Antiquité), parler des animaux, c'est parler des hommes. Simak nous tend un miroir et nous amène, avec beaucoup de douceur et de patience, à nous hisser moralement à la hauteur de ces chiens ... humanistes. L'Homme a disparu, seules d'étranges paraboles rappellent son souvenir, mais est-ce si grave au fond?
Coup de cœur de Frédéric