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Conseils de lecture

20,50
Conseillé par (Libraire)
29 août 2023

Absolument passionnant !

Negar Djavadi revient sur le drame qui a frappé sa famille en 2020.
Sa cousine Niloufar se trouvait à bord du vol PS752 reliant Téhéran à Kiev et qui s'écrasa quelques minutes après le décollage dans un village proche de la capitale. A travers le récit de ce drame, Negar Djavadi éclaire d'un jour nouveau tout ce que l'on sait sur l'Iran d'aujourd'hui. Elle rend également hommage à cette cousine si douce et prévenante, et aux femmes de sa famille. Dans une langue puissante et belle, elle tente d'expliquer le désarroi de cette population et de sa jeune génération qui a conduit aux émeutes de 2022. Un récit incroyablement intelligent et éclairant.

A ne pas manquer !
Mila


Sonatine éditions

23,50
Conseillé par (Libraire)
29 août 2023

Dystopie réaliste et glaçante

Pour sortir d'une crise, les États Unis mettent en place le PACT, un ensemble de lois liberticides censées préserver la culture américaine. Les citoyens étrangers et ceux qui ne respectent pas les traditions sont pourchassés, leurs enfants retirés et placés dans des familles d'accueil, les livres ayant des propos non conformes retirés de la circulation,...
Bird se retrouve ainsi séparé de sa mère, poétesse sino américaine dont les écrits sont qualifiés de subversifs. Afin d'éviter son placement, celle-ci s'enfuit et se cache.
Cette dystopie racontée par un enfant puis par sa mère est glaçante. Elle nous montre que des dérapages sont possibles dans des communautés dites civilisées. Elle incite à réfléchir au racisme, à la liberté d'expression, à la transmission.
Céleste N.G sait ménager le suspens jusqu'à la fin.

Marie


24,00
Conseillé par (Libraire)
25 août 2023

Simplement bouleversant

Dans « Les jours sont comme l'herbe », le grand auteur danois Jens Christian Grøndahl rassemble six récits relativement courts (le plus long, « Villa Ada », fait 80 pages), désignés curieusement comme « romans ». On se dit d'abord qu'il s'agit là plutôt de nouvelles, mais on découvre vite, à la lecture, la force et l'ampleur proprement romanesques de chacun de ces textes.
Condensation sur quelques dizaines de pages du parcours d'une vie (« Les jours ont comme l'herbe », « Edith Wengler »), ou au contraire récit minutieux des moments d'un drame familial (la disparition d''un fils adolescent dans « Villa Ada » ). Détournement habile du genre (« Je suis la mer », enquête policière qui se transforme progressivement en quête existentielle, évoquant le « Profession reporter » de Michelangelo Antonioni) ; richesse des thèmes ; finesse de la narration : Jens Christian Grøndahl manie avec brio « l' art du roman ».
Mais ce n'est pas là ce qui touche le plus. Les deux derniers « romans », « Hiverner en été » et « Adieu », tous deux écrits à la première personne, par deux personnages de femmes, l'une juge aux affaires financières, l'autre pasteure, sont, au delà des drames moraux qu'ils mettent en scène avec une grande intensité, simplement bouleversants, de simplicité, et de justesse.
C'est très beau. Le livre refermé, on a juste envie de lire ou de relire Jens Christian Grøndahl...

Jean-Luc


Éditions de l'Observatoire

22,00
Conseillé par (Libraire)
24 août 2023

Délicieusement ironique !

Deux jeunes se lient d'amitié pendant leurs études à AgroParisTech. Idéalistes, ils ont pour rêve de changer le monde grâce aux vers de terre !
Ils vont prendre des chemins différents, inattendus, et perdre quelques illusions en cours de route. Ce roman ancré dans l'actualité est délicieusement ironique. On y croise la responsable RSE chez L'Oréal, un ministre, une naturopathe, des investisseurs, un agriculteur aussi...
Un roman sur l'amitié et l'espoir, pas du tout défaitiste, et ça me plaît !

Vanessa


21,90
Conseillé par (Libraire)
24 août 2023

Magnifique de tendresse

Ce dernier roman de Serge Joncour commence comme un air de déjà lu. On y parle des tempêtes de la fin du siècle précédent. On y voit des paysages du Lot, de Dordogne. On entend les meuglements des vaches dans les prés d’une campagne qui se désertifie. On observe surtout et encore une famille. Des parents agriculteurs en retraite, un frère, Alexandre, rencontré il y a dix ans dans « L’Amour sans le faire », qui a repris l’exploitation et trois soeurs qui ont fui la campagne pour rejoindre la ville. Cela ressemble à une suite du magnifique roman précédent, Nature Humaine, Prix Femina 2020.

Mais alors que ce dernier récit orchestrait presque trente ans d’histoire nationale de la sécheresse de 1976 à la tempête de 1999, le temps raconté cette fois-ci est beaucoup plus court, deux mois seulement, du 25 janvier 2020 au 29 mars 2020, deux mois qui parlent encore à toutes et tous, deux mois inimaginables, deux mois insensés, ceux de l’arrivée de la Covid et des semaines de confinement. Pourtant, rétrospectivement, les Fabrier de Nature Humaine annonçaient à travers les lignes, ce dérèglement de la vie sur terre. Ils percevaient une humanité en péril dans laquelle les grands équilibres naturels n’étaient plus respectés. Comme si Serge Joncour avait deviné avant 2020 la catastrophe à venir, d’un univers en pleine décomposition.

En ce début de 2020, ils sont incrédules les membres de la famille élevés aux Bertranges, cette ferme du Lot qu’exploite désormais seul Alexandre. On se moque et on regarde ébahis au Journal Télévisé les rues désertes d’Italie. On ne craint rien dans ce coin reculé de France où l’on se rencontre essentiellement au super marché du coin au moment de faire les courses de la semaine. C’est un peu plus embêtant pour les trois sois soeurs fâchées qui ont quitté le pays pour les villes, Toulouse, Rodez ou Paris, désireuses de fuir la terre ou même de quitter la famille, cette famille un peu en retard sur son temps, plus soucieuse de la météo et du changement climatique que du dernier Tweet d’un président américain décadent.

« Il en va des familles comme de l’amour, d’abord on s’aime, puis un jour on n’a plus rien à se dire, signe qu’on doit changer profondément ».

Ce changement nécessaire, ce satané virus va peut être l’imposer et devenir le catalyseur d’une belle réconciliation familiale. D’abord en faisant revenir tout le monde au bercail où la vie de toutes et tous a débuté. Dans cette ferme, il va falloir composer, accepter les autres et leurs différences, retrouver peut être le souvenir d’une enfance heureuse, en conjurant les peurs que ressuscite la pandémie.

L’auteur d’origine paysanne est monté lui aussi à la ville et dans nombre de ses romans, ses personnages par mimétisme, cherchent une nouvelle place. Pourtant le récit ne se transforme pas en plaidoyer manichéen entre les bons ruraux et les mauvais urbains et Serge Joncour préfère jeter un regard distancié et ironique sur les évènements, à l’image de ce beau frère, un temps leader et animateur des Gilets Jaunes jusqu’à ce que les trop nombreuses manifestations du samedi obèrent son chiffre d’affaires de commerçant. La vie est plus complexe qu’un « c’était mieux avant » ou « la campagne c’est mieux que la ville ». Le roman aussi.

Regard interrogatif, Serge Joncour ne devient pas non plus journaliste reporter. Il dit des faits, dont on s’aperçoit d’ailleurs à la lecture combien nous les avons mis rapidement en sourdine, mais surtout il raconte des êtres humains ordinaires pris au piège de vies à construire entre rêves, fantasmes et réalité brute. Ils sont attachants et touchants les personnages du roman parce qu’ils sont vrais et nous ressemblent tellement. On les voit vivre devant nous, on a envie de les embrasser, de les étreindre ou de les rejeter, perdus qu’ils sont coincés entre la grande histoire collective et leurs modestes destins individuels.

Serge Joncour se plait de plus en plus à devenir le chroniqueur de notre époque. Il examine le présent et les tentatives de passer d’un lieu à l’autre. Les Fabrier, les Bertranges, Alexandre, Caroline et les autres racontent, de romans en romans, une nouvelle comédie humaine, celle de ce début de siècle. Nature humaine, Chaleur humaine. On pourrait déjà suggérer le titre du prochain roman: Tendresse humaine. Ou Amour tout simplement, ce joli mot qui rime tant avec Joncour.