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Conseils de lecture

23,80
Conseillé par (Libraire)
5 janvier 2022

Boomerang

Lorsque son vieil ami libraire lui confie un étrange manuscrit, le narrateur est piqué de curiosité. En effet, les premières pages annoncent d'emblée la mort de leur auteur : "Je suis mort. On m'a tué un jour de septembre 1957".
Au fil du récit, nous plongeons au coeur des années 1950 au Maroc, jusqu'alors sous protectorat de l'Espagne. Après des débuts prometteurs, les phalangistes sont plus isolés que jamais. C'est toute la communauté internationale qui tourne le dos à l'Espagne. La désillusion est Grande pour Elias Roca et son ami Angel Carvajal.
Tous deux rêvaient de gloire mais se retrouvent piégés dans la chaleur des journées marocaines à taper des rapports sans intérêt .
Jusqu'au jour où Elias fait assassiner son meilleur ami.
Plutôt habitués aux énigmes fantastiques, les amateurs de José Carlos Somoza se laisseront surprendre avec ce roman historique palpitant !

Mila


24,20
Conseillé par
1 janvier 2022

Histoires de Cuba

Comment trouver les mots pour vous donner envie de découvrir ce roman que j’ai lu une première fois, un peu désorientée par la forme du récit polyphonique, qui passe d’une époque à l’autre sans qu’il soit toujours facile de se repérer dans le temps et les lieux, puis une deuxième fois à la suite pour de ne pas quitter ces personnages avec lesquels je ne souhaitais pas rompre ?
Padura nous parle de la trajectoire de huit amis qui se sont connus au lycée à Cuba et qui suivent des chemins divergents, beaucoup choisissant l’exil face aux difficultés de tout genre auxquelles ont pu se confronter les Cubains entre les années 1990 et nos jours. Les émigrés s’établissent dans différents pays d’Amérique et d’Europe, restant en relation et aidant financièrement ceux qui, malgré toutes les difficultés qu’ils rencontrent, y compris pour satisfaire des besoins élémentaires comme se nourrir et se soigner, ont choisi de rester dans leur pays. Nous suivons donc le parcours de tous ces exilés, aux chemins très différents. Certains s’intègrent très bien en tournant la page de leur vie antérieure quand d’autres sont victimes d’exploitation de leur statut de « sans papiers ».
On perçoit cependant que la sympathie de Padura revient avant tout à l’un des personnages centraux de ce récit choral, Clara, qui se bat toute sa vie pour élever ses enfants et sauver de l’alcoolisme l’un de ses amis qui deviendra son compagnon. Elle choisit de rester à Cuba malgré le départ de tous ses proches, et l'accumulation de ses désillusions vis-à-vis du régime cubain dans lequel elle mettait beaucoup d’espoir lorsqu’elle était  jeune.
On le devine, l’auteur lui aussi vit toujours à Cuba, malgré la reconnaissance internationale de son œuvre. Il revendique de rester fidèle à son pays. C'est aussi ce qu'on aime chez lui.

Marie-Pierre


8,30
Conseillé par
29 décembre 2021

Sylvain au Tibet

Cette fois, notre géographe aux semelles de vent suit quatre héros du silence sur les traces d'un monde caché. Il donne à l'aventure photographique la forme d'un somptueux tombeau de la beauté sauvage, dans une quête mystique des origines de la vie. Le poète-clown se fait jongleur immobile, peintre tragique de l'humaine condition, et nous offre avec une généreuse mélancolie le tableau baroque d'une Terre-Mère perdue. Éloge de la patience et de l'humilité.


Economie, paysages, nouveaux modes de vie

Seuil

23,00
Conseillé par (Libraire)
16 décembre 2021

Un titre qui dit tout

Ce livre ne nous dévoile aucune mutation cachée de notre pays: affaiblissement extrême de l’industrie, importance croissante de la consommation, modification du territoire devenu zone d’achalandage, nouvelles pratiques culturelles. Tout cela nous le savons intuitivement mais comme le corps d’un enfant qui grandit et dont on n’aperçoit les changements qu’en regardant des photographies anciennes, la France se modifie sensiblement chaque jour et les auteurs mettent en perspective, les modifications importantes de la « France d’avant » et de la « France d’après », la césure se produisant vers les années 80. Ils nous donnent à voir ces photographies sous forme de graphiques, courbes et cartes, révélateurs des profondes modifications intervenues en 40 ans qui, à l’image du monde agricole, ont été plus systémiques et rapides que des siècles entiers. La France mythique, entité unique, n’existe plus à l’échelle de la mondialisation et le livre montre combien l’immigration la plus forte est essentiellement culturelle avec une influence croissante des Etats Unis et du Japon. Notre pays bouge et le mérite de cet ouvrage à la lecture aisée, est de nous aider à comprendre les mouvements telluriques d’une société en pleine transformation qui peut effrayer et dont les gilets jaunes sont une émanation. Un ouvrage de référence vivant, clair, didactique, avec une véritable narration, à garder en permanence à proximité.

Eric


27,00
Conseillé par (Libraire)
7 décembre 2021

Une autre façon de comprendre l'histoire

La science historique a changé. En quelques décennies, elle a intégré de nouvelles sources, d‘autres disciplines: économie, sociologie, météorologie et beaucoup d’autres ont déconstruit le « roman national », fresque narrative d’un récit chronologique linéaire et idéal d’une nation, pour lui substituer un récit complexe, multiple, non manichéen. A cette modification du fond s’ajoute désormais une modification de la forme et cette « Infographie de la révolution française » témoigne de cette évolution. « Il ne s’agit pas d’illustrer un texte mais de permettre une autre lecture de l’histoire, à la façon d’un kaléidoscope ». Tout est dit dans cette phrase introductive sur ce livre dont la conception originale qui associe un historien reconnu, Jean-Clément Martin à un Data Design, Julien Peltier.
La Révolution Française est complexe, multiple et de nombreux facteurs s’imbriquent les uns dans les autres. Difficile d’appréhender la globalité d’années aussi mouvementées et contradictoires. Aussi pour simplifier, depuis des décennies, chacun a raconté, retenu ce qui allait dans le sens de « son » histoire. Soboul et les historiens marxistes ont privilégié la révolution sociale, l’égalité, pendant que les historiens de droite montraient les ravages de la Terreur. A chacun son angle, son approche pour rendre le récit discontinu et multiple, cohérent et simple.

A cette manière de penser, Jean-Clément Martin veut substituer la complexité des situations et donne en trois parties, des clés pour appréhender ces dix années, de la convocation des Etats Généraux à la fin du Consulat.
« La marche de la Révolution », dans un récit chronologique, montre les principaux moments de cette histoire du 14 juillet à la fuite du Roi à Varennes et encore les massacres de Septembre 1792. A chaque double page un texte dit l’essentiel, explique ce qui est certain, contestable, ignoré et la mise en page décrit l’évènement en l’accompagnant de graphiques, d’illustrations de portée plus générale. Un « camembert » statistique est beaucoup plus parlant que des dizaines de lignes chiffrées, alignées les unes sur les autres. Une échelle chronologique est plus facilement mémorisée qu’un récit de plusieurs pages. En utilisant l’infographie, ce sont des milliers de mots qui sont traduits en un coup d’oeil, mis à disposition de notre cerveau, facilitant la compréhension de l’essentiel traduit sous une forme visuelle riche et variée.

Il ne faut cependant pas imaginer que cette innovation se résume à des statistiques mises en courbes. Le graphisme de Julien Peltier montre, démontre, raconte une histoire, explique comme des mots. Par des bulles occupées par des acteurs, des institutions, des évènements et disposées de bas en haut, mais aussi de gauche à droite, la vacance du pouvoir en septembre 1792 devient visuelle et permet, en un coup d’oeil, de comprendre comment les sans-culottes ont pu, pendant quelques jours, pratiquer la Terreur.
La deuxième partie est consacrée aux « Grands bouleversements » qui ont remodelé, durablement, la société française. Rôle des femmes omniprésentes puis écartées, église et déchristianisation, abolition de l’esclavage, régime de la propriété sont décrits selon les mêmes principes avant qu’une troisième partie « Rivalités et concurrences » éclaire la contre révolution, le rôle des sans-culottes, et l’arrivée progressive de Bonaparte.

Rendre accessible et compréhensible ne signifie aucunement simplifier, édulcorer. La lecture complète permet de poser une vision globale d’une période d’une complexité imposante. Atermoiements, extrême violence, politique à court terme, fluctuante, apparaissent clairement. La Révolution se construit au jour le jour, sans plan préétabli, sans perspectives précises. Elle s’improvise.
Ce livre est de ceux que l’on doit laisser à portée de main, tant il est peut être pris et repris pour examiner un aspect spécifique, une période, un phénomène particulier. Remettre en ordre des évènements dispersés. Accessible à un profane comme un spécialiste, il a sa place dans toutes les bibliothèques d’amateur d’Histoire.